E, comme… EP
Une génération s’est échangé des “45 tours”, une autre économisa pour se payer des “33 tours”. La mienne connut la flambée des “maxi”, abrégé de “maxi 45 tours”.
Dans une manie métonymique, on ne désignait plus que l’objet, le support. La presse évoquait aussi volontiers les 7′ (seven inches, ou encore 17 centimètres, diamètre d’un 45 tours) et les 30 cm. Subtilité des traductions, même si le diamètre d’un album vinyl est bien de 30 cm, lorsque les anglais écrivent 12′, il pensent en réalité à un “maxi”.
Je résume. Les premiers 33 tours faisaient 25cm de diamètre, c’était l’époque de Brassens et compagnie, mais pour loger plus de titres on est passé à 30 cm tout en améliorant la technologie (sillon plus fin). Les 45 tours de 17 cm comptaient d’abord 4 titres aux débuts du rock’n'roll, durant les années yéyé, puis rapidement seulement 1 titre par face.
En résumé… (mais t’es fou toi, t’as déjà résumé, tu vas le résumer encore ton résumé de résumé? t’en as pas marre de nous ballader là?!), il y aurait deux catégories de disques, indépendamment de leur support : single et album. L’album, on l’a d’ailleurs nommé “long playing record” voire “long playing album” (pléonasme), et abrégé en LP. LP = album, jusque là tout va bien.
Un single, parfois, était gravé à l’identique sur les deux faces, malgré la réversibilité du vinyl on n’avait qu’un “1 titre”, préfigurant les CD single de 1 ou 2 titres.
Un maxi, parce que les versions modifiées, remixées, sont souvent plus longues que les originales, demande plus de place qu’un 45 tours n’en permet. Mais combien de titres sur un maxi? Tout dépend du nombre de versions qu’on y met, généralement 2 ou 4, parfois 3.
Les anglo-saxons parlent plus de “extended play”, ou EP, que de maxi. Traduction grossière : “version longue”.
Mais le sens de EP n’est pas unique. Il peut s’agir, tout bêtement, d’un disque contenant plus qu’un single. Un peu comme un moyen-métrage, catégorie cinématographique floue, officieuse, dont personne ne propose la même définition. Entre le single et l’album, le EP est donc une catégorie fourre-tout.
On y trouve parfois des chutes de studio non utilisées sur un album.
Ou c’est un mini-album, qu’on désignera fréquemment tout bonnement par son nombre de titres. On dira alors : Underground railroad a sorti un 5 titres, Pick the ghost EP. Ou Lydia Lunch a sorti un superbe 6 titres, Big sexy noise. Dans le cas de UR et de New Order (ci-contre), c’est même carrément écrit sur le disque : EP.
Les disques c’est simple : on peut remplir la surface mais on n’est pas obligé. Ensuite, comment on appelle ça… c’est une autre histoire.
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De toutes façons - et Christophe ne dira pas le contraire - t’as les 3 EP du Beta Band et pis c’est tout ! ;-)
oui tiens j’ai oublié ça,
on a plusieurs exemples de pseudo-albums, qui en réalité sont la réunion de plusieurs EP.
Le deuxième album de Katerine, par exemple, le 3 EPs du Beta band,
et puis il y a le cas particulier des Smiths. souvent, on fait un album, puis on en tire un single (souvent assorti d’une face B inédite). Les smiths faisaient souvent l’inverse, ils sortaient des singles, puis un album qui reprenait les singles parus + de nouveaux titres.
de toute façon, en la matière on n’a que les obligations qu’on s’impose soi-même.
Oui mais enfin bon Arbobo, tu n’as pas répondu à la seule question que tout le monde se pose : comment ça se prononce ? Eupé ou Ippie ?
hippie, bien entendu, comme le prochain article vous le démontrera ^^
mais heupé suffira, c’est “so lovely french”
moi j’aime bien les Eps qui durent finalement aussi longtemps qu’un LP genre entre 30 et 40 minutes :P
Pour foutre le boxon, y’a de rien de mieux je trouve. Enfin, comme tu le suggères, le contenu du EP se distingue aussi par son contenu et pas seulement par sa durée.
C’estcon, mais moi je prononce “Ippé”. Comme les adresses.
ah ouais, utiliser des 30cm comme cartes de visite,
fallait y penser
J’emploie le terme ep (que je prononce eu-pé) pour les 17cm (les 45 tours) avec 4 titres, grande spécialité des maisons de disques françaises dans les années 60 (ce qui rend très célèbres les ep français d’artistes anglosaxons que s’arrachent les japonnais. Vous suivez ? ^^).
Un bon ep chez moi, c’est la magnifique série des ep de Marie Laforêt, superbe pochettes ouvrantes (dites aussi gatefold) avec à chaque fois 4 titres.
De magnifiques ep des 60s chez Nino Ferrer par exemple.
Chez les ricains, mon dada est de collectionner les albums de Sinatra qui étaient également édités en 3 ou 4 ep x4 titres. La pochette est à chaque fois avec la même illustration et seule une indication du type vol. 2 ou un bandeau de couleur différente indique la nuance.
Sinon, questions maxis, je me suis pas mal ruiné dans les 80’s et début 90’s à racler le maximum de remixes de mes idoles qui s’entassaeint de façon inédite en ep, manière de vendre plus que des lp. Chez certains, cela confine au génie (Depeche Mode par exemple, dont la durée cumulée des morceaux de Violator édités en ep avant la sortie officielle de l’album dépasse les 2 heures : 2 ep de Personal Jesus et 3 ep de Enjoy the silence). Comme Dr F le dit, ça en devient encore plus passionnant. Il y a par exemple un “ep” du Jon Spencer Blues Explosion extraordinaire, avec des remixes de Beck, des Beastie etc. Ils ont appelé ça Experimental remixes extended playing, et je vous le conseille ardemment, un presque album.
Mais, spontanément, quand j’ai vu E comme EP, je m’attendais bien entendu à découvrir le bouquet ultime, les 3 ep’s du beta Bnd, faux album de 98 constitué de 3 ep x 4 titres édités en 97 et 98, puis réunis dans un bijou assez cohérent, bien qu’on y sente le passage entre chaque ep.
Sur ce, le Tourmalet m’attend.
“Mais, spontanément, quand j’ai vu E comme EP, je m’attendais bien entendu à découvrir le bouquet ultime, les 3 ep’s du beta Bnd”
eh oui, décevoir est tout un art :-)
Ma déception est bien moins grande que la tienne, car j’imagine ce que tu as pensé en lisant le premier comm de Ska : “Ay Caramba ! encore raté !”
;-)