Deux soleils pour le Ritz : Bat for lashes ouvre le bal (the Manchester series #1)
“C’mon, spit it out”* Voilà comment un repérage des lieux se transforme en grill improvisé. A une encablure du centre de Manchester, au pied de la gare, le Ritz. Clope au bec, le manager de Bat for lashes s’accorde quelques minutes pendant la balance, le “sound check”, et me toise narquois “you’ve got one more question, then you’ll have to wait my next cigarette”.
Bat for lashes lance ici sa nouvelle tournée, dans le nord de l’angleterre. Arbobo.fr a poussé ses galoches jusque là pour vous faire un “embedded report” tout chaud et exclusif :-)
Le nouveau disque, two suns, est sorti depuis 36 heures, alors pourquoi Manchester pour lancer la tournée? “On n’a encore jamais fait le Ritz, mais à Manchester ça s’est toujours bien passé, notamment l’an dernier avec Radiohead.” Fin de la cigarette.
Au retour, la file s’allonge tranquillement, et les masques de carnaval distribués à l’entrée échouent surtout sur le visage des jeunes filles. Peu à l’aise avec son image, Natasha Kahn a développé en public un penchant pour les masques, le maquillage, tout ce qui peut la protéger comme une élégante et symbolique carapace.
La salle fait un petit millier de places, et pourrait évoquer un petit Bataclan (sa prochaine étape parisienne), ne serait cette étoile de néon au plafond, cette moquette de boîte de nuit, et ces bars omniprésents qui nous rappellent que les plus jeunes ont eu droit à un contrôle d’identité. Les concerts sont interdits aux moins de 18 ans, sacrée brimade dans l’une des villes phare de la musique anglaise, berceau de la Factory ou des Smiths.
Rien n’était indiqué sur le billet, mais c’est Schools of seven bells qui ouvre la soirée. Un trio qui joue crânement sa chance, les deux jumelles se partageant le chant, l’une aux claviers l’autre à la guitare, épaulées par un guitariste muet mais efficace. Entre rock puissant et influences à la Au revoir Simone, la sensation du moment nous fait passer un bon set.
Sur sa première tournée, Natasha Kahn avait ouvert ses concerts par de courtes citations, de Nico (le petit chevalier) ou de La nuit du chasseur (Pearl’s dream). Rien de toute cela en ce mardi soir. C’est l’ouverture de la tournée, et elle sera concentrée sur le contenu des deux albums, sans reprise ni inédits.
Avec beaucoup de métier, Natasha contourne l’obstacle d’un clavier récalcitrant, modifie illico l’ordre des morceaux. Mais l’atmosphère peine à s’installer, à cause de ces pauses techniques indésirables. Or les titres du nouvel album sont encore inconnus du public, alors même qu’ils demandent plus d’attention que leurs prédécesseurs. Est-ce pour cette raison, toujours est-il que le public -décontenancé? - n’a rien a envier à celui de Paris lorsqu’il a décidé de fêter ses artistes préférés.
On verra un peu Natasha Kahn au piano, une fois ou deux à la guitare, mais elle est essentiellement chanteuse, maîtresse de cérémonie. Et sa voix a encore gagné en puissance, sans perdre en expressivité. On verra en mai à Paris ce qu’est devenu ce show encore en rodage, mais là où on l’a croisée vraiment inspirée, elle n’est ici que douée et intrigante. Lorsqu’elle fait ce que d’autres savent faire, on attend plus d’elle.
Les titres les plus marqués par le rythme sont les plus efficaces, et les mieux adaptés à son groupe remanié, une batteuse imperturbable (acoustique et électronique), un clavier, et une bassiste-guitariste. On a un peu moins à voir, un peu moins de surprise, que sur sa première tournée, et si cela veut dire à quel point elle avait placé haut la barre, cela nous laisse aussi l’idée ferme qu’elle est capable de donner plus et mieux. Injustice de fan persuadé de tenir devant soi un joyau.
Lorsque le clavier se fait lourd et gras, comme sur Sleep alone, l’excitation monte, c’est dans un registre sale et new wave qu’elle sera le plus convaincante ce soir. Logiquement, c’est What’s a girl to do, déjà un quasi hymne indé, qui clôt la partie. Allier les titres des deux albums, alors que le second est si peu sécable, embarquer le public n’était pas facile.
Le test ultime arrive après les premiers applaudissements, 3 rappels qui donnent l’occasion de vérifier si les nouveaux titres peuvent avoir une vie en dehors de l’écoute domestique. Moon and moon apaise les esprits, et contrairement à ce qu’elle avait prévu, c’est Two planets qui met le point final, transfiguré en version torchère électro. Un summum de beat pour la fin, un vrai final. Et la preuve d’une mue en cours.
Natasha Kahn n’a pas choisi la facilité, et elle a su utiliser sa belle présence pour servir ses nouveaux titres. On a vu un bon concert ce mardi soir, maintenant on espère le retour de la vraie magie à laquelle elle nous a (déjà!) habitués.
* : “Allez, accouche!”
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Oh la la, ça a du être décontenançant et j’espère que ce rodage ne sera que rodage. Bon, je pars lire l’autre billet.
enfin quelqu’un qui me comprend ^^
Ni le premier album ( très inégal pour moi et un peu pourri par ses influences ) ni le concert au Nouveau Casino ne m’avaient totalement convaincu.
Après quelques écoutes, le nouvel album a l’air fort sympa, mais le Bataclan… je passe mon tour…
mmmh, plutôt déçu on dirait
je n’ai pas encore écouté l’album et je redoute déjà que le Bataclan soit un peu grand question ambiance
bon, elle a un peu plus d’un mois pour peaufiner tout ça :-)
ah tiens, tu n’as pas changé d’heure
à moins que tu n’es décidé de suivre le fuseau horaire de Natasha ;o)
“déçu” rififi parce que j’attends mieux qu’un (très) bon concert de sa part,
dont déception relative ^^
je pense que c’était effectivement un rodage, et que son perfectionnisme l’a empêchée de lâcher plus dès la première date,
mais j’ai assez confiance pour la suite
(que tu n’aies, of course :-/)
merci de me l’avoir rappelé, dans ma version de wordpress on fait encore ça à la mano ^^
Comment genre il se la pète, bonjour, je suis l’envoyé spécial de mon blog à Manchester ^^
Je vais déjà écouter l’album pour voir. Pour ce qui est du Bataclan, en revanche… Plus ça va, plus j’y vais à reculons, alors ça ne sera sans doute pas pour moi.
je précise que c’est de la salle en elle-même, que tu t’éloignes ^^
et tu as raison, j’étais très fier que mon rédac’chef (moi) obtienne du propriétaire du site (moi) qu’il envoie son employé du moi (moi) sur place au lieu de… personne :-D
et puis passer des vacances à Manchester sans écrire un mot dessus, ça craignait velu ^^
on ne sait jamais comment d’autres spectateurs ont vécu le même concert que vous.
et c’est avec une certitude renforcée qu’on découvre que la presse anglaise tire exactement le même bilan que moi de ce concert :
http://www.guardian.co.uk/music/2009/apr/12/bat-for-lashes-gig-review
http://drownedinsound.com/gigs/41476/reviews/4136575
gens pressés je vous préviens, vous aurez l’impression de relire ce que j’ai écrit plus haut ^^
hello !
Meric! belle review, je me suis permis de l’a poster ici.. http://thewizard.xooit.fr/t62-Tournee-USA-2009.htm#p196
si cela pause un quelquonque soucis ,je l’a retirerais .
salut moo, merci d’avoir prévenu :-)
je préfèrerais nettement que tu ne mettes que le début et le lien pour lire la totalité,
c’est d’ailleurs la pratique adoptée par les agrégateurs divers
merci à toi
arbobo