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Crystal antlers : danser sur la faille de San Andreas

Si grand, si grand sont les Etats-Unis qu’on associe souvent un style à une région, le blues de Chicago n’est pas celui de la Nouvelle Orléans, le rock garage proviendra à jamais de Detroit, la Soul vient du Nord-Est mais a connu un apogée à Memphis…
Le rock psychédélique est comme le vin, il a besoin de son terroir pour développer ses arômes particuliers. On les trouve au sud de la Napa valley, en Californie. La terre favorite des hippies et des surfers laisse pousser quelques plantes coriaces et épicées dans ses haies.

Crystal antlers ne dédaigne pas une touche de modernité, comme ces accords de synthé qui ouvrent Owl. N’empêche. Ca sent à plein nez la table en formica dans la cuisine, tachetée de brûlures de shit, et on déconseille d’ouvrir trop grand les yeux quand on se rend aux gogues. Ils enregistrent live, et ça s’entend.

Les Crystal antlers sont des descendants, on ne sait pas exactement de qui parce que, soyons honnêtes, ça baisouillait encore un peu partout quand leurs parents se sont mis en tête d’assurer la succession de 13th floor elevators.
Le truc marrant avec eux c’est ce contraste assumé entre une musique élaborée et un son crapoteux. Il suffit de les voir tous les 6 sur scène pour vérifier à quel point ils savent ce qu’ils font. Cette voix hurlée par Johnny Bell avec un echo à dérégler tous les sonars, ferait le bonheur de Dario Argento pour ses films horrifiques. L’intensité de leur rock crasseux et brillant vous retrousse les poils et vous retourne les orteils comme s’ils vous disaient “eh les gars, on s’en va?”.
Mais on reste. Parce qu’on trouve à la fois ici la brume psychédélique des 60s, et une violence rock qui vous colle aux basque comme quand on a trop marché dans la bière.

L’album Tentacles a de quoi plaire, on l’annonce déjà dans les palmarès 2009. Mais chez Touch and go on trouve aussi et surtout leur premier EP, un 6 titres en tout point supérieur à l’album. Alors autant commencer par là.
Un concentré un peu barge, d’une rage contrôlée qu’on laisse nous prendre et contrôler nos mouvements. Et si on avait déterré Kurt Cobain? Et si, pour de vrai, ça ne lui avait pas fait si plaisir que ça? Il aurait fondé crystal Antlers pour nous le gueuler en pleine face, et ce serait chiément bon.