Coming soon au Café de la danse : oh oui, je viens !
On aimerait voir plus souvent de tels concerts. Et vu la longue tournée que débute Coming soon, vous aurez certainement l’occasion d’en profiter. En vous souhaitant de prendre autant votre pied que nous au Café de la danse.
On voit une chanteuse et sa guitare arriver en première partie. The rodeo débute un rock slowcore aux accents de Cat power plus vrais que nature. Poussée à ce point de mimétisme la ressemblance devient plus gênante que flatteuse. Mais the rodéo se cherche encore, oscille entre des titres plus pop (peu convaincants), réussit à faire un titre country sans être chiant, et trouve le bon ton dans le rock. C’est qu’entre temps la chanteuse a été rejointe par un homme orchestre (batterie, glockenspiel, accordéon…), qui apporte l’épaisseur supplémentaire qui manquait au début. Si l’on ajoute un timbre de voix éraillé à la Kim Carnes, the rodéo donne quelques raisons de leur laisser une chance. A condition d’apprendre à tailler dans le vif et ne garder que les meilleures chansons.
Coming soon est justement l’exemple parfait d’une trajectoire ascendante. Un peu trop acclamés à leurs débuts, ils n’avaient pas terminé de chercher leur son et leur identité. Sur scène surtout, ils faisaient leurs premières armes, et si “faire le métier” est souvent ingrat pour les artistes, ce n’est pas toujours plus plaisant pour le public. C’est fait, avec à la clef un aperçu du (beau) nouvel album.
Deux ans plus tard, c’est un groupe métamorphosé qu’on voit prendre possession de la scène. Le métier, ils le possèdent à présent à un point surprenant. Profitant d’un des meilleurs sons de Paris, ils jouent essentiellement les titres du nouvel album, tellement bons qu’on ne pourra leur reprocher ce choix. La mise en place est parfaite, et la répartition des rôles quasiment (seule la clarinettiste Mary n’a pas sa chanson solo).
Nous voilà au spectacle, parti sur des bases très élevées, et qui décolle complètement dans un trou normand musical a capella. Sur WU, Léo et Alex, les deux benjamins, viennent face à nous, guitare et banjo en mains, entièrement acoustiques. Un beau moment de musique dont tout le monde ne serait pas capable. Howard enchaine en parcourant la salle, toujours dans son rôle de prêcheur, pour un gospel antédiluvien.
Profitez de l’ambiance grâce aux photos de Chrystèle ici.
On vous parlait de l’influence des Wave pictures sur certains de leurs titres, et cette proximité amicale est assumée par la reprise de Sweetheart. Mais là où les anglais ont un style très précis, Coming soon plonge le bras profondément dans le bac de disques. Les choeurs tirent souvent sur le gospel, mais les guitares lorgnent tantôt vers le Velvet tantôt vers les Stones (le premier rappel), tandis que leur amie Dominique apporte son violoncelle sur quelques titres. Les jeunes gens nous ramènent aussi à des sons plus actuels avec Howard faisant la beatbox à la voix sur Lower lip, de même que Léo pour le final.
Léo aura donc quitté régulièrement ses futs, les laissant parfois à Alex. Sans excès de virtuosité, on se passe les instruments, on échange les rôles, les Coming soon savent faire passer la musicalité et le show avant leurs ego. Mary Salomé jouant de deux flutes à la fois en émule de Roland Kirk, la construction du concert entre temps forts rock et moments plus doux à deux ou trois, c’est un vrai petit spectacle.
C’est ce qui range Coming soon auprès des meilleurs groupes modernes, sachant donner beaucoup de vie à la scène, faire danser le public juvénile massé devant la scène mais aussi lui proposer un bel hommage au blues roots. Moderne encore par son mélange des genres et des rôles entre les membres, comme font chacun avec sa patte Arcade fire ou Moriarty. Ajoutons de vraies qualités musicales, qui transpirent de ces breaks longuement prolongés mais juste ce qu’il faut pour faire monter l’ambiance.
Le métier n’empêche pas une spontanéité de bon aloi, dont on profite durant une bonne heure et demie presque meilleure que le disque!
A votre tour d’y goûter :-)