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chemin de la liberté : Underground Railroad

Avec des initiales pareilles, Underground Railroad pourrait induire en erreur les fans de techno de Detroit. Pourtant c’est bien un détroit que ce trio français a franchi, désormais installé en Angleterre.

Ce rock là doit beaucoup à Sonic Youth, mais aussi au psyché puissant des 60s californiennes, et peut-être aussi au shoegaze actuellement si en vogue (de My bloody Valentine à The pains of being pure at heart), et son mélange acidulé de gros riffs et de mélodies vocales.
Heureusement le poids des ainés pèse bien peu sur les épaules de Raphael, Marion et JB. Si l’on sait vite à quelle famille on a à faire, on entend tout aussi rapidement la différence. D’abord un son remarquable, qui tient certes à la production de leurs disques, mais surtout à une mise en place au millimètre de ces instrumentistes fortiches.

Au centre de la scène, Raphael Mura tient les futs et se partage le chant avec la guitariste Marion Andrau. On sort le visage tout tâché et le sourire aux lèvres. C’est noir, c’est dur, et ça tient chaud. Du vrai charbon, Underground railroad. Dont les braises durent plus qu’un feu de paille. Assurant plusieurs fois la première partie de Ladyhawke, autre dynamiteuse de scène, UR aura peut-être gagné un public plus large et en tout cas épaté bien du monde au passage.

Pick the ghost

Le groupe reprend le nom du circuit clandestin par lequel les esclaves noirs gagnaient le nord des Etats-Unis comme on peut franchir une ligne de démarcation. Bel hommage, mais cet UR là n’est pas un groupe politique pour autant. C’est avant tout un groupe de rock. Terrible, au sens où sa force de frappe vous laisse coi.

Mais cette puissance de feu n’est utilisée qu’avec parcimonie, plus le groupe avance et plus on découvre des morceaux élaborés, un chant mélodique, et même des tubes en puissance comme ce 25 qui colle aux semelles des jours durant. La noise fait alors place à une brit pop affutée, comme sur leur single Kill me now (or you never will).

Paru début mars chez One little indian, le EP Pick the ghost contient les titres inutilisées lors de l’enregistrement du deuxième album. Choix intelligent, ne pas surcharger un album puissant qui demande autant d’énergie qu’il en donne. Preuve, aussi, que la groupe a des morceaux d’avance et sait construire un disque avec autant de maîtrise que nous pulvériser sur scène.

Sorti du concert on se dit que le meilleur atout d’Underground railroad est sa redoutable force scénique. Puis on écoute les disques, 2 albums puis un EP. On se demande alors si l’atout maître n’est pas plutôt leur marge de progression, qui fait que chaque disque est plus fort que le précédent, plus complexe et plus accrocheur à la fois. A moins que ce ne soit le jeu fastueux de Raphael, un batteur qu’on devrait s’arracher dans le monde entier tant il donne de musicalité à ses futs. Ou bien leur plus bel atout serait…
Bah, peu importe.

Deux mots. Trois artistes. Trois disques. Une montagne de plaisir sale et rèche. Grrrrrrr… encore !