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Chairlift, Something : Caroline Polacheck en liberté

Des questions, on en a eu beaucoup. Les réponses, on les a d’abord trouvé un soir de concert à la Maroquinerie, où Chairlift voyait la fin d’une longue tournée sur son premier album (on ne compte pas le tout premier autoproduit et copié à la main). Un tube hédoniste, mais un premier disque assez sombre et downtempo.

Sur scène, déjà, celle dont la voix roulait à tous les coins des chansons faisait notre enchantement. Bien loin, le sombre album, une showgirl lumineuse nous avait à sa main. Cet éclat, cette généreuse énergie qui darde des yeux de Caroline Polacheck, c’est ce qui fait d’une jolie fille une femme belle à tuer.

Voilà pour la femme derrière le groupe. Mais c’est plus qu’un faible inavouable d’un pseudo-critique, c’est une information. Aaron Pfenning parti, qu’allait-il advenir de l’identité musicale du groupe dont il était co-fondateur (et dans un duo, ça représente une bonne proportion). Il n’était pas le dernier à creuser la veine musicale 80s, si l’on se souvient de l’interview que le duo nous a accordée. Alors, lui parti, il resterait quoi? Une chanteuse et une parolière?

C’est bien plus que cela, et c’est là que Polacheck se révèle, showgirl mais aussi réellement co-leader, et musicienne à part entière. On a toujours une incertitude lorsqu’un groupe évolue, mais Chairlift est resté fidèle à lui-même, ou à elle-même. Something a filtré par petits bouts, notamment ce clip bizarro-fendard de Amanaemonesia. On se demandait franchement quel drôle d’album allait sortir de là.
Plus pop, mais sans tube aussi immédiat que Bruises,  Something est moins inquiet que son prédécesseur. Les deux disques ouvrent sur des paroles écologistes, bien que Polacheck se défende de tout militantisme en la matière. A vrai dire cc’est plus la showgirl qu’on a l’impression de retrouver. Elle en fait des tonnes, mais on en aimerait qu’elle en fasse encore plus.

Avec Chairlift, on a trouvé un vrai groupe pop avec une très grande chanteuse. Cette légère égratignure sur le premier “anymore” de Cool as fire, voilà qui en dit beaucoup. De volute en volute, d’arabesque en figure acrobatique, Polacheck a pris toute la mesure de son chant, qu’elle déploie sans retenue sur scène. Encore plus en avant que sur l’album précédent, le chant est l’un des trois piliers de ce disque, avec des mélodies bien trouvées et la basse.

Logiquement, un disque aussi plongé dans les 80s aurait dû abuser des basses au claviers, mais on les retrouve peu, comme sur Guilty as charged (et encore). Au contraire le plaisir de la basse est là, sa rondeur, sa sensualité, car c’est aussi de cela qu’il s’agit.

Il est un peu tôt pour jauger la pérennité de Something, mais Chairlift est un groupe avec lequel il va falloir compter, un des rares groupes à sortir d’un hommage à Bowie sans s’y être ridiculisé, par exemple.

L’instant de vérité. Choisir. On s’est gratté quatre ou cinq fois la tête et on reste un peu embêté au moment de sélectionner ce qu’on va mettre en écoute dans ce billet. On est un peu bête, et un peu obsédé par la basse (les seules fréquences que nos oreilles abîmées comprennent encore correctement?). Ah mais si, bien sûr, on a trouvé, ce titre là, produit à merveille, avec un son de xylophone tellement synthétique qu’on pourrait en rire s’il n’était pas si parfaitement trouvé, ce n’est ni Amanaemonesia, ni le troublant Sidewalk safari, ni ce Take it out on me qui fraie avec la Jamaïque. Même le fabuleux Ghost tonight ne nous aura pas autant retenu que… Wrong opinion. C’est qu’il est riche, ce disque, on n’a pas fini d’y revenir et d’y faire venir les copains :-)

Wrong opinion

SOMETHING Album Sampler by Chairlift