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c’était l’été : la route du rock - J2

Samedi 14 août.

Le lendemain, il pleuvait. J’avais vu la veille un type avec un t-shirt sur lequel était écrit « En Bretagne, il ne pleut que sur les connards ». Eh ben, ce jour-là, on était tous qu’un gros tas de connards à St Malo. Les concerts sur la plage étaient annulés, mais je m’en foutais.
Moi, j’attendais DM Stith qui passait l’après-midi dans Le Palais du Grand Large, à St-Malo même, dans une salle bien au sec en intérieur. Donc, la pluie, c’était vraiment pour les connards qui n’avaient pas bien lu le programme du festival. Il y avait aussi Hope Sandoval après DM Stith. Un beau programme pour un après-midi pluvieux avant d’aller se jeter le soir dans la boue du fort de St Père. J’avais convaincu mon pote Adrien qu’il fallait à tout prix qu’il vienne voir DM Stith. Moi, c’était le truc que je voulais le plus voir de toute la programmation de cette année. Adrien a donc payé sa place (car c’était en supplément du ticket qui donne accès au fort de St Père). On s’est assis dans la salle, bien pénard et là, on a attendu. Et puis, il y a un mec du festival qui est arrivé sur la scène et qui a dit que la « première partie » d’Hope Sandoval était annulé, à cause d’un embouteillage qui empêchait DM Stith de venir !!!! Pan, dans ta gueule !! J’étais en rage.

« La première partie » !! Je t’en foutrais moi des premières parties ! J’étais tellement en rage qu’Adrien qui venait de payer 20 euros sa place n’a même pas osé m’emmerder. (Il est poli, même s’il s’habille comme un rocker à la plage.) Au premier rang, il y a une fille qui a osé, d’une petite voix, demander au connard « Est-ce que DM Stith pourra jouer après Hope Sandoval ? » Et vous savez ce qu’il a répondu ce connard qui avait obligatoirement passé sa journée sous la pluie ? Il a répondu « Non. » Et c’est tout. Putain de merde ! Moi, je pouvais plus rester en place et je me suis cassé, tant pis pour Hope Sandoval et sa musique d’endormie. Adrien m’a suivi. Lui aussi s’en foutait de l’ancienne chanteuse de Mazzy Star. En Bretagne, je crois qu’il pleut tellement qu’il pleut même en intérieur.

Donc, on a été se reposer et puis on a rejoint notre troisième pote et on a été boire des vraies bières qui bourrent la gueule avant d’aller au Fort de St Père. On a bu aussi du whisky et des shooters de je ne sais pas quoi, mais ça faisait des flammes. Dans le bar où l’on était, il y avait déjà un Breton qui dormait la tête sur le comptoir et un autre qui dormait par terre. Et il n’était que 19 heures ! Le bar s’appelle « L’alchimiste » et la musique est vraiment top : The National, Arcade Fire, Death In Vegas, … Si vous allez sous la pluie à St-Malo, passez par là.

On est parti voir The Foals au fort de St Père. Ils jouaient à 21h30. Mais c’était vraiment une journée de merde et on s’est tapé les embouteillages. Et ensuite, une grosse queue boueuse pour entrer dans le Fort. Et pendant qu’on faisait la queue, on entendait The Foals. Merde alors. On était en train de louper le concert. Ça avait l’air bien en plus. Nettement plus péchu que sur leur album Antipodes (je ne connais que celui-là).

Quand on est enfin entré dans l’enceinte, il y avait tellement de monde qu’on pouvait même pas pisser tranquille. Il y avait de la boue partout et on avait loupé The Foals. Mais comme on était bien bourré, on s’en foutait parce qu’on avait même plus mal à la tête et donc, on était tout content et personne ne viendrait nous emmerder pour des aspirines.

On a quand même réussi à voir Massive Attack. Martina Topley Bird est venue chanter sur plusieurs morceaux et Horace Andy était là. C’est un des plus beaux concerts que j’ai jamais vu. Il y avait derrière les musiciens 6 ou 7 bandes de LEDS qui faisaient des lumières magnifiques sur toute la longueur de la scène. (Sur la photo, il n’y a qu’une seule bande d’allumée).
Pas une seule fois, les musiciens n’ont été éclairés de face, ils étaient toujours en contre-jour. Sublime. Le son était bon, mais j’aurais aimé que ce soit plus fort pour qu’ils nous en foutent plein la gueule. On était assez loin, mais pas trop. Ils ont joué des morceaux d’un peu tous leurs albums. Ils ont aussi joué Atlas du dernier album. Très réussi, j’attendais ce morceau avec impatience, c’est mon préféré du dernier album. L’ensemble du concert ressemblait à du Massive Attack ; je veux dire par là que même si c’est un groupe qui doit utiliser énormément de machines électroniques en studio, on retrouvait, en live, tout l’esprit de leurs morceaux. Mais ce qui a le plus marqué les gens (enfin, je crois), c’est qu’avec leur LEDS, ils balançaient plein de textes (en français) pendant les morceaux. Des trucs sur le pétrole répandu par BP, la guerre en Irak, la politique, l’écologie et tout le tralala.

Et ils ont commencé à balancer des trucs sur notre président de la République en le traitant de « voyou de la république », en faisant des allusions à Bettencourt, en parlant de garde-à-vue, … Et à chaque fois qu’une phrase apparaissait, les gens gueulaient et levaient leurs bras en l’air, en signe de sympathie. C’était super. Le seul défaut, c’est qu’on écoutait plus du tout la musique, mais on ne faisait plus que lire les messages politiques de Massive Attack. En tout cas, ça marchait très fort et, d’accord ou pas d’accord avec ce qu’ils nous balançaient, ça avait de la gueule avec leur musique lourde et répétitive et leurs silhouettes en contre-jour. Adrien en avait rien à foutre de Massive Attack (le con), donc il allait nous chercher des bières, mais Benjamin et moi et les gens autour, on était très content.

Sur cette sublime photo, vous pouvez voir mon ingénieux système pour ne pas salir mes chaussures. Des sacs-poubelles de 130 litres achetés à la superette de St Malo le matin même (ou plutôt le midi). Je croyais que plus les sacs seraient volumineux, plus ils me protègeraient. Mais en fait, la conclusion, c’est que plus ils sont gros, plus t’as l’air con. Les gens me marchaient sur mes sacs lourds de boue et moi-même, je me marchais dessus. Impossible à attacher au-dessus du genou. Je devais marcher en écartant les jambes comme si je m’étais chié dessus. Ça faisait beaucoup rire mes deux potes qui se sont bien foutus de ma gueule (les cons, avec leurs chaussures toutes boueuses). J’ai réussi quand même, après d’énormes efforts, à garder mes chaussures vaguement au sec jusqu’au champ qui fait office de parking pour retourner à notre bagnole après Massive Attack. J’ai arraché mes sacs parce que j’en avais marre quand même et là, dans le noir du parking, j’ai marché dans une putain de flaque juste avant la voiture. Merde de Bretagne de merde de connard de DM Stith qu’il est même pas venu.

Mais on s’en foutait tous les trois car on était fin bourrés et qu’on avait décidé d’aller dans une boîte de nuit du coin où passaient des DJ américains programmés par le festival La Route du Rock. Tim Sweeney et Tim Goldsworthy, des grosses brutes liées à LCD Soundsystem et plein de trucs qui sentent bon l’électro pointue et péchue (d’après le programme).

On est arrivé devant la boîte et Benjamin a dit que c’était rien que de la merde comme boîte de nuit car il y avait déjà été quelques années auparavant. Alors on l’a ramené à son hôtel (il devait faire beaucoup de route dès le lendemain matin et il était déjà plus d’une heure du mat). Mais avec Adrien, on n’avait pas de route à faire, alors on est y retourné, en festivaliers avisés.

La boîte était remplie de pétasses et péteux de vacanciers friqués de Dinard et St Malo et de bœufs du coin. Il paraît qu’en période hors saison, ça se termine à coup de couteaux les soirées de cette boîte (dixit un copain qui vit et travaille à St Malo, je lui fais donc confiance). Bon, alors nous deux, on a commencé à boire en attendant 3 heures du matin. Et ils sont venus les deux Tim. Et nous on était fin près, parce qu’on était fin bourrés. Et leur musique, c’était rien que de la merde. De la vraie grosse bouse, pire que mes sacs-poubelles. On était dégoûté avec Adrien. Alors, on sortait fumer sur la terrasse en regardant les pétasses blondes qui ignoraient les deux bouseux plein de boue jusqu’aux genoux que nous étions, on buvait de la vodka redbull (je sors un billet de 20 euros pour payer les deux premières vodka redbull et la serveuse me dit que c’est pas assez !! 20 euros, pas assez !C’était 24 euros les deux vodka !!) et on attendait tous les quart d’heure pour retourner à l’intérieur, sûr à chaque fois que la musique allait être géniale, que tout ça, c’était juste une grosse erreur. Mais non et non.

On est resté jusqu’à 4h50. Faut être vraiment con pour être si obstiné, mais on espérait à chaque fois que la musique allait être bien, c’était quand même estampillé « Festival La Route Du Rock » juste en dessous des deux DJ. Et on avait loupé tellement de choses dans cette journée, qu’on pouvait pas s’arrêter là.

Eh ben si, encore une fois, Pan dans notre gueule. On s’est arrêté là, on est rentré et dodo. Heureusement qu’on s’est bien marré, parce que c’est typiquement le genre de journée à dégoûter n’importe qui d’aller dans un festival de rock.

suite et fin demain !