La compilation Perfect as cats est enfin parue, et tous ses bénéfices seront reversés à une ONG venant en aide aux enfants (Invisible children assiste et scolarise les enfants dans les régions de conflits).
Reste à savoir si le disque mérite d’être acheté ou s’il vaut mieux envoyer directement un chèque à l’association en question. C’est dit de manière un peu rude, mais soyons clair ne pas acheter ce genre de disques ne fait pas de nous des salauds.
Tout l’été nous avons salivé sur ce disque grâce à la contribution de Bat for lashes, sa relecture froide et brumeuse de A forest.
Ce “tribute album”, selon l’expression consacrée, ne contient donc par définition que des reprises de the Cure.
Manimal vinyl, petite écurie de groupes atypiques, a d’abord servi ses propres artistes, Bat for lashes, Hecuba, Rio en medio, Caroline weeks (aussi membre de Bat for lashes), ou Aquaserge. Ils ont quelques morceaux de choix, pas les plus faciles à reprendre mais ceux qu’on a le plus envie d’entendre (Killing an arab, A forest, 10:15 saturday night).
La première écoute fait risquer l’indigestion. Deux CD, 33 titres au total dont seulement 2 versions d’un même titre (The walk), sachant que tous proviennent de la première décennie du groupe, rien de plus récent que Disintegration, rien qui ait moins de 20 ans.
A l’indigestion s’ajoute une fausse déception. A la première écoute, on soupçonne un peu trop de sagesse, pas suffisamment de réapropriation. Le doute se lève dès la deuxième écoute, dès la première parfois lorsque Geneva jacuzzi dresse un pont troublant entre Cure et New Order. La relecture vocale de The caterpillar est subtilement à mi chemin de la totale réinvention et de l’original, c’est sans doute ce qu’on atend d’une reprise. De ce point de vue ce double CD est réussi.
Je vous recommande de ne pas tout écouter d’une traite, sans quoi le sentiment dominant sera de reconnaître et de rechercher les morceaux originaux sous les reprises. Au détriment, forcément, de ces dernières. C’est le travers auquel j’ai succombé.
Car chacun réussit à faire passer sa touche personnelle, le psychédélisme d’Aquaserge, l’onirisme troublé de Bat for lashes, l’électro métallisée de We are the world…
Beaucoup d’inconnus figurent sur cette compilation, et comme les mp3 blogs regorgent quotidiennement de petites pépites on s’attend à des surprises. Mais de surprise il n’y a guère finalement, lorsque les titres les plus réussis viennent justement des artistes les plus connus. Quoiqu’il ne le sont que d’un public, déjà restreint, du rock indépendant.
La folkeuse Mariée Sioux, que d’ordinaire je goûte tellement moins que son amie Alela Diane, apporte ici son identité à Love song dans une version dépouillée du plus bel effet.
La plus belle réussite revient sans doute à Kaki King. D’abord déesse de la guitare capable de prouesses insensées, elle évolue de plus en plus vers la mélodie et force sa nature en chantant, ma foi joliment. Dans Close to me, elle parvient à la fois à renouveler le morceau, tout en explorant une forme nouvelle pour elle, chant mélodique et guitare sobre, une pop sans fioriture qui prouve l’étendue de son talent. De quoi -espérons- la faire sortir du semi-anonymat dans lequel elle végète.
Mention spéciale également à Aquaserge et Laure Briard, qui ont osé le sacrilège de traduire (brillamment) les paroles de 10:15 saturday night en français (sur un label américain, excusez un peu).
Les spécialistes et les exégètes auront forcément mille chose à redire à tel ou tel titre, pas assez sombre ici, trop conforme là, trop audacieux pour les uns (Blackblack et ses accents façon Pastels), trop sage pour les autres. Mais la réécoute vainc bien des réticences, je vous l’assure.
Je ne vais pas vous citer tous les titres qui m’ont le plus accroché, la liste serait longue, et je préfère vous inviter à vous faire votre propre liste de préférence en acquérant ce disque :-)
J’ajoute que malgré le but caritatif ce double CD est vendu plutôt moins cher qu’un simple album. Raison de plus!