Ca s’écoute live… à Pau
Klak présente : Pau et la scène paloise
Il n’y a évidemment pas que Paris qui fourmille de musicos, de concerts. Il y a de la vie, musicalement, ailleurs, dans des villes grandes ou moins grandes. On vous a personnellement parlé de Manchester, Toulouse ou Marseille, certes.
Mais il est temps de laisser la parole à ceux qui ne sont pas de passage, qui sont sur place et donc les mieux placés pour savoir où aller, et rendre compte de la vitalité de la scène live chez eux.
On embarque pour une première semaine (il y en aura d’autres) où l’on cède la parole à d’autres blogueurs.
Aujourd’hui, c’est Julien alias Klak, tenancier du Bal des vauriens, rocker impénitent, intervieweur aussi, qui est allé interroger ses voisins de Pau, Vanessa, la gérante de la Centrifugeuse et Stéphane, le boss de A Tant Rêver Du Roi. Merci à eux trois.
Interview à 3 voix, Pau par Vanessa et Stéphane
Pau, paisible cité, est idéalement placée sur la carte Michelin, entre la chaîne des Pyrénées et les rouleaux de l’Atlantique. Quelle image en ont les gens de l’extérieur, ceux de Metz, Angers ou Gien ? Sûrement aucune. Que connaissent ils de la capitale béarnaise ? Les sportifs, l’Elan Bearnais ou la Section Paloise, les bons vivants sa cuisine riche, les férus d’Histoire son château où naquit jadis ce bon roi Henri IV. Mais les amateurs de musique, rien, nada, alors qu’ici, dans ce coin de Sud Ouest, ça fourmille. Pour faire le point sur l’activité culturelle de Pau, voici Vanessa, la gérante de la Centrifugeuse et Stéphane, le boss de A Tant Rêver Du Roi.
Vanessa: Peux tu nous dire ce qu’est la Centrifugeuse et quel rôle y joues tu ?
Vanessa Je suis à la direction artistique et administrative du projet. La Centrifugeuse est le service culturel de l’université de Pau, c’est aussi une salle de concert modulable, 200 places assises et 400 debout. Le projet de la centrifugeuse est de proposer une programmation qui n’aie pas d’équivalent sur le territoire, dans un soucis d’éclectisme, en veillant à ne rien enlever à la cohérence et à la valeur de son projet artistique. Aussi nous avons choisi de défendre les esthétiques contemporaines et internationales s’efforçant d’être le plus souvent possible de bons défricheurs. En quelques noms nous défendons des gens comme Efterklang, Shannon Wright, Ballaké Sissoko, ZU, The ex, Hauschka, Woven Hand, Josephine Foster, Gablé, Capsula, Barbatuques, Rubik, Homelife, Dark Dark Dark, Rachel Grimes, Ben Frost et beaucoup d’autres.
Vanessa: Comment se fait la programmation ?
Vanessa Evidemment nous n’avons pas les moyens ni le temps de nous déplacer pour voir en live les groupes de demain, surtout quand on parle d’artistes étrangers, du coup la programmation se construit sur les bases des belles relations de confiances que nous avons avec les agences. Soyouz, Talitres, Muraille Media, Qujunction, Toutpartout, Kongfuzi, des agences françaises ou européennes, qui savent encore faire les bons choix. Ce sont eux qui déclenchent les tournées, et ils savent que nous réservons un bel accueils aux groupes, et que nous ne le faisons pas pour le bénéfice (politique tarifaire) du coup on est sur leur plan de tournée “routing pour les geeks”, c’est drôle parfois on remarque avec certains que cela fait deux ou trois ans qu’on se parle, qu’on s’écrit sans jamais s’être vu, et ça restera comme ça! De drôle de relations mais des gens militants derrière, un vrai réseau en résistance.
Ensuite il y a les artistes qu’on accueille qui nous en conseillent d’autres ou qui parlent de nous et du coup on découvre et on acceuille souvent les copains des copains des copains.
Et puis il y a les artistes locaux qui pour moi ont à se nourrir de ces propositions. Nous sommes aussi là pour répondre à leur projet quand nous sentons qu’il y a l’ouverture d’esprit suffisante, comme c’est le cas avec la team A tant rêver du roi, le collectif artistico-régionaliste ca-i, ou encore tous les musiciens illuminés d’Iceberg (Crane Angels, Monsieur Botibol…)
Stéphane: Tu nous présentes l’association que tu gères, A Tant Rêver Du Roi ?
Stéphane L’association existe depuis 2002, mais la transformation en un collectif de musiciens et graphistes s’est véritablement produite en 2005.
Une douzaine de groupes gravitent autour de A Tant Rêver Du Roi pour le coté booking, ce sont des groupes accompagnés par le collectif dans leurs démarches, de la production de disques à la diffusion et la promotion.
Il existe aussi un label ATRDR Records avec plus d’une vingtaine de références à ce jour, nous produisons essentiellement des groupes palois, depuis quelques mois suite à différentes demandes, le label s’ouvre sur le plan national et l’étranger. Le collectif gère un local de répétitions qui abrite la plupart des groupes « estampillés » A Tant Rêver Du Roi.
Nous organisons également des concerts sur Pau et l’agglomération.
Stéphane: Quel genre de groupe verra-t-on si on vient au Localypso ?
Stéphane Cela reste assez varié au niveau des styles, avec toutefois une dominante Noise Rock. On peut aussi bien croiser des groupes folk comme The Bitter Tears ou la pop onirique de Tostadas, la transe disco de Marvin, le Docteur Chadbourne et son Banjo, la folie dévastatrice du duo français Pneu, ou l’electro-rock des Italiens de Aucan. Pour résumer, ce sont des groupes qui se mettent souvent en danger et qui refuse ce qui est conventionnel, avec un certain goût pour l’expérimentation.
Stéphane: L’asso organise des concerts un peu partout dans Pau, au Durango, la boite où on peut rentrer sans ressembler à Cristiano Ronaldo, à la Route du Son, une salle de concert plus grande, pourquoi ces délocalisations ? Co-organisation pour multiplier les dates ?
Stéphane J’aime bien l’idée d’une structure tentaculaire avec plusieurs ramifications comme nous le faisons au niveau du collectif pour nos différentes activités, donc le fait d’organiser des concerts dans plusieurs lieux est venue assez naturellement.
Je pense que c’est aussi un moyen de toucher un public plus large et de changer nos habitudes, ventiler tout ça pour rester ouvert et curieux.
Stéphane: Quand est ce que ATRDR investit le château de Pau ?
Stéphane Un jour peut être….ce n’est pas impossible ! Mais il y a bien d’autres lieux atypiques à Pau pour organiser des concerts.
Vanessa: Il y a-t-il de la place à Pau pour les musiques actuelles entre la garbure, le basket et Henri IV ?
Vanessa Aaaaah voilà mon terrain favori! Eh bien je dirais que comme partout en France nous avons du mal à choisir le présent, le budget de la culture part quasiment en totalité dans le patrimoine français, les belles pierres, les rues pavées à l’ancienne, les églises et les châteaux, ensuite il y a l’opéra, et derrière les orchestres classiques …. Le spectacle vivant et Les musiques actuelles ramassent les miettes.
A Pau nous avons un orchestre mais nous avons aussi un château avec une coquille de tortue où dormait ce cher Henri enfant et ce dernier laisse envisager que Pau peut être une ville touristique… Alors arrivent les grands projets de marketing territoriaux avec leur lot de fantasmes historiques… Bref les musiques actuelles séduisent le public mais la politique de la ville est à un autre endroit…
Pau passe son temps à opposer le “festif et populaire” au reste, comme s’il était impossible de faire la fête avec le peuple autour de propositions contemporaines, autres que ses figures historiques… c’est vraiment dommage. Cela dit je travaille également à Bayonne pour le Microscope et c’est la même chanson avec le piment et le chocolat… Le basket ne me dérange pas sinon, enfin si je savais ce que ça coute à la municipalité je changerais peut être d’avis mais bon au moins ils ont le mérite d’être vivants ces basketteurs!!
Stéphane: On dirait que le calendrier des sorties à Pau ne s’adresse qu’au très grand public, toutes les têtes d’affiche de la variété française passant au Zénith ou alors à un public ultra averti de l’underground rock ou des musiques expérimentales, est ce que cette impression est bonne ? Est que notre ville ne souffre pas de la
proximité de Toulouse et de Bordeaux ?
Stéphane Non je ne pense pas, il y en a pour tout le monde, du moins c’est mon impression. Ce qui manque peut être c’est une salle à taille moyenne (de 200/250pl) qui pourrait en effet accueillir des groupes qui passent à Toulouse ou Bordeaux. Mais je trouve que la programmation au niveau des musiques actuelles sur Pau est tout de même assez riche et variée. Pour ma part il y a beaucoup de propositions notamment avec La Centrifugeuse qui dynamise sacrément le secteur des musiques actuelles à Pau et me donne l’occasion de découvrir énormément d’artistes français et étrangers à la maison de l’étudiant.
Vanessa: A priori tout oppose la Centrifugeuse et ATRDR et pourtant vous paraissez plutôt complice, belle collaboration pour le concert de TeTsuo en big band !
Vanessa Oui super projet, et superbe collaboration, très heureuse de son issue aussi…. Je ne dirais pas que tout nous oppose, je dirais qu’on a des moyens et un équipements permettant aux artistes locaux de pouvoir montrer leur travail, c’est vraiment très important je trouve, du coup A Tant Rêver Du Roi est un partenaire qui est dans la résistance et qui défend ce qu’il aime, pour moi ça suffit, ce sont des personnes entières, radicales parfois… Ils faut les mettre en avant, parce qu’ils sont là, juste à côté de nous. Je respecte vraiment le travail d’A Tant Rêver Du Roi pour leur programmation aussi, un des seuls endroits où je peux aller voir un concert sans y bosser à Pau! héhé Il y a à Pau de bon artistes, de l’écurie A Tant Rêver Du Roi au Collectif Ca-i, de la Cie de théâtre La ligne de désir à Ecrire un mouvement, des spectacle vidéo concert de l’Organodrome à l’ensemble Zero, bref vraiment de chouettes personnes et de chouettes projets.
Vanessa & Stéphane: Vous remplissez à vous seuls l’agenda culturel de Pau ?
Vanessa : Non, loin de là… Parce que là on occulte la partie Spectacle Vivant, Théâtre, Cinema, Expo et aussi parce qu’il y a les programmations plus généralistes d’Ampli et plus grand public des ACP.
Stéphane : Heureusement que nous ne sommes pas les seuls, il y a d’autres structures qui se bougent sur Pau.
Avez vous des endroits que vous aimez fréquenter et dans lequel aucun de vous deux n’a d’actions ?
Vanessa : oui le bar grain de raisin (pour le vin et le fromage)! Et sinon le cinéma d’art et d’essai Le Méliès, l’espace d’art contemporain le bel ordinaire, la scène théâtre danse espaces pluriels et comme je l’ai déjà dit le Localypso.
Stéphane : Comme je suis amateur de BD, la librairie Bachi-Bouzouk est un des endroits que je peux fréquenter, tout comme la bibliothèque avec mes enfants. Il y a aussi le Méliès, mais ça ne compte pas puisque nous organisons aussi des soirées là-bas. Sinon j’aime faire mon marché aux Halles de Pau, la culture des bons produits.
Vanessa & Stéphane: Où faites vous vos courses musique ? De bonnes adresses à Pau ou vous êtres plutôt Amaz*n.fr ?
Vanessa : Les belles relations avec les agences me permettent de recevoir beaucoup de disques, et celles avec les groupes de repartir avec des disques aussi, les joies du métier, et sinon je ne suis pas fétichiste je fais partie de ces gens qui ont des lecteurs mp3 et des disques durs (pardon Stéphane)”
Stéphane : Il m’arrive de commander des disques sur internet, sinon c’est plutôt chez des disquaires indépendants comme Vicious Circle à Toulouse ou Total Heaven à Bordeaux que je trouve mon bonheur. Malheureusement il n’y a pas beaucoup de choix à Pau, et plus de disquaire indé depuis belle lurette.
J’ai vu qu’il y a avait depuis peu un petit magasin de vinyles à Pau « Disco Buzz » mais je ne m’y retrouve pas forcément. Sinon j’achète les disques d’artistes que j’apprécie lors des concerts et tout comme Vanessa, être programmateur me permet de recevoir pas mal de bons disques…
Vanessa: Quels sont les groupes palois à suivre ?
Vanessa : hum la questions qui tue, si j’en oublie un je pourrais bien être crucifiée à l’envers, alors dans le désordre et de façon non exhaustive je dirais Familha Artus, Tetsuo, Ravaillac, Kourgane, Moraine, Tapetto Traci, Randy Mandys, Art Flute, Calva, Moihno… Ils existent tous depuis un moment, et c’est vrai que les choses un peu plus émergentes nous viennent de toulouse ou du du pays basques espagnol ou de bordeaux en ce moment, enfin je ne demande qu’à me tromper et à être contredite par Stéphane héhé.
Stéphane : Rien à redire, très bonne liste !
Vanessa & Stéphane: C’est la belle vie à Pau ?
Vanessa : Honnêtement si je n’avais pas un travail excitant qui me permette d’organiser toutes ces rencontres, je pense que je ne serais plus à Pau… mais ça c’est parce que je viens de la côte basque! Plus sérieusement cela fait sept ans que j’assiste à une hémorragie à Pau… l’impression que tous le monde en part à un moment donné.
Stéphane : J’aime bien cette chanson de Sacha Distel.
Voilà voilà.
Julien
Photos Julien sauf Tetsuo live.
une semaine de ville en ville
Tous nos panoramas de villes.
Ca se passe live
… à Lille
… à Bordeaux
… à Liège, Bruxelles et alentour
Super ce billet qui donne la parole aux acteurs de la programmation ! Ca donne envie de pousser de temps à autres de mes Landes juqu’au Béarn.
Et puis le “routing pour les geeks” me fait bien marrer !
pour ma part je suis terrifié par l’idée d’être “crucifié à l’envers”, surtout que ça me parait très mystérieux ^^
oui ça donne envie, et j’espère que c’est l’effet qu’aura toute cette série qu’arbobo.fr est très fier d’accueillir :-)
Très intéressant! Merci…
Et s’ils veulent élargir leurs horizons les Palois, où doivent-ils aller?
Toulouse? Est-ce une ville qui vit un peu en matière de programmation musicale?
oh que oui mmarsu :-)
http://www.arbobo.fr/toulouse-tu-bouges-city-guide-4/
Christophe > Quand tu auras réparé tes vertèbres, tu seras le bien venu, Ravaillac pourrait bien te plaire http://www.myspace.com/ravaillacmusic
Arbob’ > Tant fait pas, point de Black Meatl à la Centrifugeuse !
Mmarsupilami > Il y a des trucs intéressant sur la cote basque aussi, puis sinon faut faire des bornes. 400 a/r pour Toulouse, 500 pour Bordeaux. Je ne sais pas trop pour les scènes locales, mais au niveau des têtes d’affiches indie, Toulouse n’a rien à envier à Bordeaux qui a une grosse réputation de ville rock. Dimanche, les Black Angels pour Klak !
Klak, j’ai vu les Black Angels hier à Anvers.
Troisième fois que je les vois en un an et demi!
Ils étaient ex-cep-tion-nels!
Chaque fois meilleurs…
Pfff. et moi qui finalement abandonne ma place à Klak pour qu’il invite qq’un d’autre pour les voir ce dimanche au Bikini de Toulouse… Aaaaargh !
moi les BA ce sera vendredi à la Cigale, j’ai hâte :-)
Et qu’est-ce que ça a donné finalement les BA?
c’était énorme :-)
un panard monumental, et avec un des meilleurs sons que j’aie entendu à la Cigale!