Bowie, 1967
Ce qui frappe d’abord avec le premier album de David Bowie, c’est qu’on n’y trouve pas les meilleurs titres de ses débuts. Surnommé “1967″ en raison de son année de parution, alors qu’il ne porte pas de titre, on n’y trouve ni In the heat of the morning ni The gospel according to Tony Day, deux bijoux qui ne figurent que sur la compilation Deram. Mais grâce au David Bowie blog tour, chaque album a droit à une seconde chance ^^
Malgré un talent mélodique déjà évident, ce disque désarçonne ceux qui le découvrent après avoir connu les chefs-d’oeuvres des années 70. Des pitreries, des arrangements facétieux et manquant de finesse. Come and buy my toys semble s’adresser à nous, désignant ses chansons. Et cette voix de canard qui n’aurait pas encore mué, augurait mal du crooner que Bowie a su devenir ensuite.
On réalise tout de même que sous le pitre un jeune homme pas très gai est capable de nous parler avec nostalgie du “happy land” à vous coller le bourdon, et ses vocalises finales ne sont pas si gaies qu’elles semblent. Il le fait avec force piano, l’instrument des auteurs de chansons, la guitare étant celui des rockeurs, la guitare étant l’instrument phare de son album adulé, Ziggy Stardust.
Come and buy my toys
Hasard ou signe avant-coureur, ce sont les arpèges de guitare qui nous font frissonner dès l’intro de Come and buy my toys. L’une des miniatures désenchantées qui composent ce disque, un album gris comme les rues uniformes des cités ouvrières du nord.
Mais ici on entend surtout des cuivres, comme sur Rubber band, un morceau réussi mais qui n’a pas la force de ce qu’il nous servira deux ans plus tard. Car le compositeur n’a pas encore trouvé sa voie, son originalité. When I live my dream porte la marque de Scott Walker au point de frôler la copie, d’ailleurs la pochette du disque renforce ce sentiment. Silly boy blue a beau être réellement touchant et réussi, il lorgne aussi par dessus l’épaule du voisin.
Malgré son rythme allègre de danse, la Maid of bond street perdue dans ses rêves a des fautes de goûts mais reste un très beau morceau. Et de toute façon elle finira un jour sous terre, Please Mr gravedigger. Récit psalmodié comme à l’église, pas vraiment chanté, cette complainte conclue avec une tristesse enfin avouée un disque qui aura cherché maladroitement à tromper la misère et la solitude.
Le coup d’essai laissait mal augurer l’ampleur du génie qui allait se déployer. Pourtant à mieux y regarder, le talent est déjà là, maladroitement attifé.
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Oui, on se rejoint assez. Ton article est particulièrement bien écrit, l’approche de la pitrerie cachant mal la tristesse est bien vue, on sent effectivement cette ambiguité sur l’album.
Un grand merci pour avoir rétabli une vérité trop souvent enterrée : David Bowie 67 s’appelle juste David Bowie, quelle idée curieuse de l’appeler autrement…
Ouftiiii, j’avais jamais vu la pochette de cet album! Il avait quel âge à l’époque? (ouais, je suis qu’une sale paresseuse qu’est même pas foutue de faire du calcul mental!)
il avait 20 ans tout rond, catherine :-)
c’est jeune, mais on en connait pas mal qui ont démarré plus tôt.