Big crunch theory : 1992. L’envol de Lisa Li-Lund (interview)
1992, l’album
Ils en ont de la chance les spectateurs du Mo’Fo festival, de découvrir pour la première fois sur scène le nouveau groupe de Lisa Li-Lund, Big crunch theory. Ils auront à peine eu le temps de découvrir l’album 1992, qui parait lundi.
Ils seront encore tout émoustillés par cet étrange objet qui les conduit du songwriting gracile typique de Lisa, vers des contrées électroniques et groovy.
Cette plongée vers l’au-delà, tout en douceur, nous conduit vers l’abîme. Et c’est avec élan qu’on la suit dans le néant. On avait déjà savouré 26 kids from suburbs (what to say), abondamment remixée l’an dernier. On est raide dingue du groove massif de Weapon, amoureux du saxo destructuré de The strangest heart in Romania qui fait définitivement basculer l’album dans une autre dimension. Car autant des morceaux comme Arrows ou Eyes’ lies rappelleront aux aficionados la Lisa qu’ils connaissaient, autant le disque dans son ensemble est placé sous le signe de la fantasmagorie. Embarquons avec l’exploratrice.
Encore jeune et déjà réinventée. Telle se présente Lisa Li-Lund devant nous, présidant un casting qui ressemble un peu à un hall of fame : Bertrand Burgalat, Yaya Herman Düne, Johanna “Mai” Weddin, Etienne Jaumet… et Gilbert “LBR” Cohen avec qui elle a partagé les commandes.
On aime d’autant plus ce disque parce qu’en plus d’être excellent il parvient à nous surprendre. 1992 est un véritable album, à écouter en entier et dans l’ordre pour en profiter pleinement.
The Big Crunch Theory - What To Say by Versatile Records
Lisa Li-Lund, interview
On a déjà longuement interviewée Lisa il y a 2 ans, avec Chrystèle. Du coup on lui a dit qu’on ferait court cette fois. On sort du métro Arts et métiers la mèche en bataille, et Lisa nous emmène dans l’arrière salle d’un caboulot de quartier. On nous sert un café bien franchouillard, avec un accent chinois à couper au couteau. Coudes posés sur le formica, Lisa nous met dans sa poche d’un sourire, et parle si librement qu’on n’a à peine besoin de poser des questions.
La première surprise de ton disque c’est un featuring inattendu, Golda. On sait que tu es très attachée aux animaux, Golda était ton chien ?
C’est assez étrange, parce que ce disque sort de manière plus décalée que certaines fois par rapport au moment de l’écriture et de l’enregistrement. du coup il est plein de fantômes, mais qui n’étaient pas censés en être.
Ma chienne était en très bonne santé quand j’ai prévu de la mettre sur l’album, et entre temps elle est morte d’un truc assez subit. C’était censé être un truc super sympa, maintenant c’est plus dur à écouter pour moi. Il y a plusieurs choses comme ça qui n’avaient pas du tout la même portée, des chansons qui parlent d’un présent qui n’existe plus.
The strangest heart in Romania, il a l’air très dark mais quand je l’ai écrit j’étais avec un mec avec qui on habitait à moitié, j’allais partir vivre à Hawaï. Finalement, Hawaï ça ne s’est pas fait, et on n’est plus du tout dans la vie l’un de l’autre. Ca devait être une chanson gaie et actuelle avec un son dark, golda aussi c’était un clin d’oeil comme ça. Y’a des fantômes.
The strangest heart in Romania tu l’avais prévu d’emblée comme il est aujourd’hui ?
Complètement, je ne l’ai pas recoloré après. Pour moi la musique un peu sombre, ça n’illustre pas l’angoisse, au contraire. Pour moi ça a tout à fait du sens dans une chanson qui raconte que je me sens hyper bien, que je danse avec mon copain, qu’il y a des fleurs et tout ça. Ca raconte quelque chose de très positif, que je vais partir ailleurs, que pour une fois je ne laisserai rien derrière, que j’emporterai les trucs qui sont avec moi. Ce n’est pas du tout un morceau de rupture. C’est ce que j’aime faire, une musique dark, assez grave. C’est ce qui m’amuse le plus à faire.
Un morceau comme Heavy horse par exemple.
Il a été enregistré live dans l’hilarité la plus totale. Quand je suis contente je fais des trucs comme ça. (rires)
D’ailleurs ça s’applique dans les deux sens, les ballades, les chansons plus douces sont celles qui parlent de sujets le plus difficiles pour moi.
Golda, c’est toi qui l’avait baptisée ? Je suppose que c’est en référence à Golda Meir, mais tu n’étais même pas née quand cette femme est morte.
C’est la famille qui l’avait baptisée. Mes frères, mes parents, moi. Mais c’est en référence au morceau de Dick Annegarn, qui dit « il s’appellera jamais Golda, ce pauvre chien, c’est pas le mien. J’attends d’avoir un chien » blablabla (elle chantonne).
J’ignorais que tu aimes Dick Annegarn.
J’aime beaucoup. A l’époque mon grand frère André l’écoutait vachement. D’ailleurs pendant un temps, au lieu de l’appeler Golda il l’appelait Mireille comme la chanson sur la mouche, c’était pas possible (rire).
Mais c’est aussi lié à Golda Meir. Ca nous faisait plaisir, c’était une femme assez incroyable, rock’n’roll dans son domaine. Je ne suis pas assez calée en histoire, je la connais mal, mais apparemment elle était dure. Mais c’était surtout lié à la chanson d’Annegarn, quand tu l’entends tu as envie de pleurer. Il parle d’un voisin qui bat son chien, s’il avait une maison et de l’espace il le prendrait et s’en occuperait vraiment bien et l’appellerait Golda. Il y a des chansons de lui que j’adore, qui me font chialer à chaque fois. Ce que je préfère ce sont ses chansons sur les animaux, pour moi j’ai fait une reprise de (elle chante) « je suis un bébé éléphant égaré ». Il a une façon de faire sonner les mots, on dit toujours que ça ne peut pas sonner en français comme en anglais, et là c’est parfait. Les sons « on », « an » qu’il utilise, c’est hyper touchant.
Tu n’as jamais écrit en français ?
Pas plus que ça. Tu as vu ce que ça donne quand je chante en français, c’est marrant non ? Je ne sais pas faire. J’ai déjà essayé pour Ben de Lilly wood & the prick, on avait le projet de faire des chansons ensemble, mais je n’y arrive pas.
Donc toi ça ne te vient pas, mais ce n’est pas la langue en elle-même qui poserait problème. Je combats ce mythe qui voudrait qu’on ne puisse pas faire de rock en français par exemple.
Ah non, on peut faire n’importe quoi avec n’importe quelle langue, il faut savoir le faire c’est tout.
Vu qu’il s’est passé du temps entre l’enregistrement et la sortie, j’imagine que tu as eu le temps de peaufiner la tracklist.
Non (rire). On a mis tous les morceaux, sauf un. Ce qui était réfléchi, c’est de faire un album aussi court.
Mais l’ordre des titres ?
Ce n’est pas mon ordre. J’étais partie pour mettre 1992 en entrée, bien rentre dedans. J’ai fait un sondage, très mathématique, j’ai demandé à Gilbert, à Neman, David, Etienne Jaumet, à Ygal qui est le n°2 de Versatile, et avec Gilbert on a écouté leurs suggestions. David et Gilbert, surtout, sont tombés d’accord sur la nécessité de le couper en deux, de faire cette progression.
En fait de coupure le passage se fait en 2 temps, il y a Distorsion qui nous ramène un peu vers la 1e ambiance, plus acoustique.
Ils avaient envie de mettre les morceaux plus pop au début. Je leur ai fait confiance, j’étais déjà bien assez omniprésente pour tout le reste. Je n’ai pas lâché beaucoup de lest sur le disque.
C’est la première fois que tu produis dans ces conditions. C’est différent de celui avec French cowboy.
Avec quelqu’un qui produit avec moi, c’est la première fois oui. Avec French cowboy c’était pire que tout, on a carrément fait scission. On a fait moitié-moitié. Chacun décidait de tout pour ses propres morceaux. Les leurs ont même été mixés par Jim Waters aux Etats-Unis, et c’est moi qui ai mixé ma partie en France, avec un ingé. Parce que je ne voulais pas leur mix, que je trouve super pour leur truc, mais je ne l’aimais pas pour le mien.
Il faut que j’apprenne à lâcher du lest. Et Gilbert Cohen, il est pire que moi. En plus c’est un homme de 40 ans, qui sait ce qu’il fait, il le fait depuis si longtemps.
Comme tu connais Etienne Jaumet (qui participe à l’album) depuis très longtemps, je me serais plus attendu à ce que tu fasses le disque avec lui qu’avec Gilbert que tu as rencontré plus récemment.
Ca s’est fait comme ça, de façon légère, pas du tout réfléchie. On a collaboré sur un morceau Gilbert, I:cube et moi, qu’on a sorti sous le nom de Qixote, un morceau super dance, Before I started to dance. C’est quelqu’un d’autre qui s’était occupé de la mélodie de voix et du chant au départ, mais ça ne collait pas. Ils ont demandé à Neman et Etienne Jaumet s’ils connaissaient quelqu’un qui soit capable d’écrire très vite. Ils en avaient besoin pour la semaine d’après, et moi j’étais au Maroc.
Je l’ai fait dans ma chamhre au Maroc sur garageband, et je leur ai envoyé. Ils ont aimé. Après ça Gilbert s’est intéressé à ma musique et il a proposé de produire un album avec moi, il n’avait jamais produit de musicien jusque là. Moi je venais de rentrer à Paris, j’ai dit oui avant même d’avoir réfléchi.
Comme je te disais je n’ai pas lâché grand chose. Déjà là on a fait un sondage, c’est très démocratique. Et puis ils savent ce qu’ils font.
Big crunch theory tu le définis comment, c’est ton projet? Ton groupe?
C’est mon nouveau groupe. C’est moi qui ai trouvé ce nom, au départ.
Le nom et la forme de l’album correspondent bien. On part de chansons pop, tout va bien, et le big crunch, la destruction finale, arrive par les instrumentaux finaux plus durs.
C’est un hasard parce que j’avais décidé du nom bien avant. Mais tout est lié, forcément. J’étais en tournée avec les French cowboy, et sur un de fameux arrêt d’autoroute où il se passe toujours des trucs sympa, je regardais les bouquins. Et j’en ai vu un sur la théorie du “big crunch”.
Ca m’a frappé, parfois j’ai des phrases qui me reviennent en tête. Pendant deux mois je me disais qu’il fallait absolument que je fasse quelque chose avec ça. J’ai fait une expo à Paris, mais c’était pas ça, finalement je me suis dit que je devais former un groupe et lui donner ce nom. Je me suis mise à lire tout ce qui existe sur la théorie du big crunch, tout ce que je pouvais trouver. Je suis allé à des conférences d’astronomie, je me suis inscrite à des conférences aux Arts et métiers, je me suis inscrite à un cours d’astronomie par internet sur les théories du chaos…
Ca m’a vraiment obsédée. J’ai compris pourquoi après. Ce que je trouve génial c’est que c’est très doux, contrairement au big bang qui m’ennuie, j’en ai vraiment rien à faire. J’ai des avis aussi tranchés sur des sujets comme ça (rire). Le big crunch c’est une théorie du mouvement. L’univers, à force de s’étendre, s’étendre, va être wouich, aspiré dans un trou noir créé par sa propre expansion.
Je trouve ça hyper positif, mystérieux. Ca n’explose pas, ne se casse pas. On ne sais pas trop ce que c’est d’ailleurs un trou noir. J’aimais bien cette théorie.
J’ai réalisé après coup que ça tombait à un moment, où tu m’as rencontrée, où j’étais dans douze-mille pays, je faisais partie de quarante groupes, j’étais sur cent-mille projets en même temps. J’étais en train de me demander si j’additionnais les expériences pour en faire un tout solide, ou si à force de trop additionner je ne me dispersais pas. J’étais en plein dans cette question, et a posteriori je m’aperçois que je me suis beaucoup recentrée sur ce projet, alors que je pensais sur le moment que c’était un à-côté.
Je ne pensais pas que j’allais considérer Versatile comme une écurie, avoir envie d’en porter les couleurs, dire “nous” en parlant d’un label. J’en suis surprise. J’adore ce label, j’adore ces gens. J’aime bien ce terme d’écurie. Tous les artistes ont des relations amicales avec le label, Gilbert pour moi ce n’est pas le boss du label, c’est mon ami, c’est la famille. On fait des soirées ensemble, on passe tous des disques…
Ton disque est une belle galerie de portraits, mais est-ce qu’il “manque” quelqu’un?
Ca aurait pu si le disque avait été prémédité, la liste n’aurait pas été exhaustive. Mais ça ne s’est pas passé du tout comme ça. Il y a des morceaux que j’ai écrits sur des instrus de Gilbert dans le studio, directement pendant l’enregistrement. Ou inversement, des morceaux quasiment prêts avec lesquels je suis arrivée et sur lesquels il a fait des trucs. C’était très spontané, on n’a même pas utilisé d’ampli pour les guitares, les instruments étaient branchés directement dans la table.
Ca s’est fait de telle manière que je n’ai pas eu à me poser la question de vouloir collaborer avec untel ou untel. Gilbert a croisé Bertrand Burgalat et s’est dit que ce serait sympa qu’il participe, il a une basse assez pop, un peu fragile qui irait bien avec ma guitare. Etienne je le croise tout le temps, on avait envie de faire un morceau ensemble pour l’album. C’est assez spécial.
Vous avez tous les deux apporté les invités?
Gilbert a apporté Bertrand Burgalat, et “disco” Minck qui fait de la contrebasse et de la harpe sur 12 friends in the city. Je ne l’ai même pas rencontré, je n’étais pas en France quand ça s’est passé.
On m’a présenté Maxime Delpierre, je cherchais un guitariste avec un son très spécial, ça en revanche c’était prémédité je savais exactement le son que je voulais. Et j’avais envie de ne pas travailler qu’avec des gens que je connaissais. J’avais envie de voir ce qui se passait à Paris. Ensuite Etienne, le morceau collait on l’a mis sur l’album. Doctor Schonberg c’est mon pote, il a déjà joué de la batterie pour moi en solo et il touche à tout j’avais besoin de quelqu’un comme lui.
Johanna Weddin de “Mai” c’est ma copine, et puis on a un peu le même accent. Johanna et mon frère David sont venus dans un deuxième temps. L’album était déjà là et j’avais envie de rajouter un track un peu gai, c’est une chanson que j’ai écrite en pensant à eux. Pour les autres ça s’est fait en fonction de qui était là. Alors que si j’avais fait une liste à l’avance il y aurait plein de gens qui ne snot pas sur l’album, à commencer par Neman.
Quentin aussi j’avais toujours eu envie qu’il prenne de la place dans certains de mes morceaux. Au départ je pensais mettre les morceaux avec lui en miroir, que 1992 serait le premier et Q’s cloud en fin de disque. Il est venu au studio et je lui ai dit à peu près les sonorités que j’aimais, comme je sais le faire c’est à dire pas du tout, en mimant et des trucs comme ça. 1992 s’est construit sur une impro de lui. C’est Gilbert et moi qui avons cousu une chanson autour de ses tracks de saxophone, et on l’a tellement aimé qu’on l’a prolongé en instru sur Q’s cloud.
Et je suis contente parce qu’il sera sur scène avec nous à Mains d’oeuvre.
Il y aura qui avec toi au Mo’fo?
Ce sera mon groupe, qui n’est pas le même sur scène que sur le disque. Il y aura une fille qui s’appelle BB Danger à la basse, Rita cadillac à la batterie, et Guillaume Léglise de My broken frame à la guitare et aux synthé. Lui vient juste d’intégrer le groupe.
Et Gilbert? Dans la salle pour applaudir?
J’essaie de le convaincre de venir avec nous sur scène. Je crois qu’il veut attendre qu’on devienne fermement un groupe avant de venir.
Dans ton chant sur l’album on retrouve tes “houuuuuu”, qui sont en train de devenir ta marque de fabrique.
Il y en a pas trop, tu trouves? Je me suis rendu compte que même sur scène il y en a de plus en plus, mais je ne peux pas m’en empêcher.
Entre l’électro d’Etienne et la contrebasse ou la harpe de Minck, tu fais cohabiter des traditions musicales qu’on entend rarement ensemble.
Dans ce que j’écoute ce sont des choses qui ont toujours cohabité. J’ai une guitare sèche, une boîte à rythmes, j’ai des disques de folk à côté de disques de rap.
Mais là ce n’est pas juxtaposé, ça forme un tout cohérent. Tu as du batailler avec Gilbert pour ça?
Ce sont des machines analogiques tout de même, des orgues, la boîtes à rythmes c’est une TR 808 (un best seller de la marque Roland, ndli). Et Gilbert, c’est même lui qui a apporté la harpe et la contrebasse. Pour lui aussi ça devait être logique car on n’a jamais eu cette discussion.
Maintenant que j’y pense il m’a même poussée, il y a un morceau que je voulais faire plus dark, rajouter des sons et il m’a incité à le garder le plus simple possible, guitare-voix.
En parlant de rap, c’est la première fois que je t’entends faire du hiphop (Weapon), je sais que tu en écoutes beaucoup mais je commençais à croire que tu n’en ferais jamais.
On utilise des rythmes simples, avec des sons de 808 pour la plupart, en 16 temps, en 8 temps direct, j’aime ça. Sur pas mal de mes petits CD il y a juste une boîte à rythmes, mais je ne les ai peut-être pas beaucoup exploités. Sur Weapon c’est moi qui ai fait la boîte à rythmes au départ.
Le chant aussi est plus rythmique.
Il y a deux choses. D’abord Weapon a été enregistrée après ma paralysie des cordes vocales, je pouvais à peine parler. Ca faisait des mois que je n’avais pas pu sorir un son. Ca ne fait pas longtemps que je peux à nouveau atteindre des notes aigues. Et puis le thème s’y prête, plus rythmique, plus cinglant.
C’est une histoire de bataille, de dents cassées, de pneus crevés (rires).
Après Weapon on a cette parenthèse pop, Distorsion, et, on bascule définitivement avec Strangest heart in Romania. J’ai l’impression que ce morceau annonce toute la fin du disque. A partir de là on sait vers quoi on tend. Et on a l’impression que ce n’est pas un hasard si les instrumentaux sont à la fin.
Pour la fin on était tous d’accord. Je pense à la personne qui laisse le CD pour s’endormir. Je veux que la fin du disque puisse être écoutée de cette manière. Ca m’arrive parfois et je trouve ça horrible, ou inversement au réveil, ça m’est arrivé ce matin, j’écoutais les Beatles, la chaine est loin, t’as les mains mouillées, et la version de She loves you en allemand arrive j’avais juste envie de mourir (rires), ahhh je peux même pas m’approcher de ma chaîne!
Je trouve que la fin de ton écoute doit être pensée par les gens qui font le disque. C’est une courtoisie.
Je t’ai vue souvent live, la plupart du temps seule, et du coup du chantes tout le temps. Avoir deux instrumentaux en fin de disque j’ai trouvé ça inattendu. Ca ajoute une dimension supplémentaire à ce que tu fais.
J’adore les instrumentaux. Mais comme je ne joues pas bien, je ne peux pas le faire en solo. En studio je peux en prenant le temps, je joue les guitares sur l’album, des synthés, la batterie sur un morceau, mais je ne suis pas toute seule. D’avoir pu dire à Maxime, un super guitariste, ce que j’avais envie d’entendre, c’est une chance. Je ne fais pas partie de ces gens qui peuvent jouer les parties qu’ils aimeraient entendre en live.
26. 12. 637. 1992… et encore je ne prends que ceux qui sont dans les titres des chansons, dans les paroles on en trouve encore plus.
(rire) Distorsion fait 3 minutes 33 aussi. 12 friends in the city est sur plusieurs de mes disques. J’aime beaucoup faire référence aux nombres. Ce n’est pas pour la numérologie en elle-même. J’aime dire les nombres, d’abord. Ils viennent naturellement, tu as bien vu, je vais dire “ça fait 640 heures que j’ai mangé 78 kilos de frites”. Et puis ce sont des références qui permettent de sauter rapidement d’une chose à l’autre.
Là il y a pas mal de références bibliques. Pas toujours, 637, j’avais compté les corps d’animaux sur le bord de la route pendant une tournée en Angleterre. La chanson est là-dessus, j’ai écrit le texte il y a assez longtemps.
Tu les notais dans un cahier?
Je l’écrivais sur un bout de papier, parce que je trouvais ça horrible. Je me sentais tellement coupable, j’avais l’impression d’être dans un tank même si nous-mêmes n’en avons écrasé aucun.
Pourquoi coupable alors?
Le simple fait d’être sur une route, en Angleterre on est vite à la campagne, et de voir des corps et des corps c’est triste. 12 friends in the city c’est un jeu sur le nombre douze, les douze tribus des Hébreux, les douze mois de l’année, mes douze potes que j’ai vraiment comptés et qui sont réellement douze.
Il y a d’autres références bibliques, certaines sont des clin d’oeil à des questions qu’on pose et qui n’ont pas de réponse.
Pas étonnant du coup qu’il y ait 12 chansons (en comptant Golda).
Il y en a douze? Je les ai pas comptées, je n’avais pas remarqué je te le jure. C’est pas possible ! (elle est réjouie) Je ne voulais pas en rajouter en plus, inconsciemment je devais le savoir. C’est un joyeux désordre qui s’est organisé.
On te souhaite combien d’heures de concert, combien de jours de tournée alors?
Ah ah, déjà douze mille personnes au festival Mo’Fo le 29 janvier ce serait super. Je ne sais pas combien il peut accueillir, d’ailleurs. Au fait je t’annonce que ceux qui ont leur place pour le concert du 29 peuvent venir à la release party au Point éphémère plus tard dans la soirée.
Je vais mixer, Gilbert aussi, Ygal, mon frère David… on va faire un ping pong.
Un mix-pong?
Un mix-pong, ça va être marrant. Je ne sais pas du tout comment on va être reçus au concert, si on va avoir envie de nous entendre. C’est dans quelques jours et là je suis assez nerveuse.
Je n’ai jamais tourné avec un groupe de filles, c’est sympa.
Dans notre précédente interview tu disais justement que jouer avec des filles te manquait.
Et j’ajoutais que Paris était justement la ville où c’était impossible pour moi de trouver des nanas avec qui faire un groupe. En plus je n’ai pas fait exprès de choisir des filles, je cherchais des musiciens tout court.
Pour ça puisse arriver il fallait peut-être justement passer du temps ici, pour faire des rencontres qui ne se produisent pas quand on est de passage.
Parfois il faut rester oui. Mais ça va, entre temps j’ai passé 3 mois en Californie au printemps, je suis allée en suède voir ma famille, mais c’est vrai qu’il faut laisser une chance à un endroit.
Ygal m’a dit qu’il y aurait un clip pour la sortie de l’album?
Pour Arrows. Il a été tourné dans un univers spatial. Pour la petite histoire, les photos de presse où tu me vois en cosmonaute, elles ont vraiment été faites en apesanteur.
Je suis allée dans un centre d’entrainement spatial, sur la photo je suis à 20 mètres du sol à l’intérieur d’une navette Apollo. C’était génial. J’ai fait du moonwalk en apesanteur, j’ai eu toute la journée pour moi. J’ai bien rigolé.
Merci Lisa.
Big crunch theory sera à Mains d’oeuvres le 29 janvier et au festival Les Femmes S’en Mêlent.
1992, sortie le 24 janvier chez Versatile.
Mais euh, vu les photos promos, la demoiselle ne manque pas d’humour (rassure moi ^^), tant mieux car en voyant la pochette, j’ai eu un doute, je croyais qu’on avait entamé les “fake album winter contest” :-D
c’est vrai que la pochette pourrait concourir à … à quoi déjà ? ;-p
vivement le MoFo
vous êtes durs, la pochette n’a rien de spécialement raté.
à faire les trucs dans la nuit j’avais oublié de mettre un titre en écoute, c’est réparé!
Ah nan ! la pochette est terrible,
Cette itw très plaisante, même si je l’ai lue en écoutant wish you were here, j’avais la voix de Lisa en tête.
Il ne me reste plus qu’à découvrir cet album qui donne envie après lecture de l’itw (et c’est bien, ça m’obligera à l’écouter et à ne pas zapper : se poser de temps à autres, ne pas surconsommer la musique, je ne sais pas comment faire…)
PS : ayant un débit riquiqui, c’est tellement agréable de lire un itw transcrite. Je sais que c’est du boulot et que c’est moins charmant et vivant que le son, mais ça fait tellement magazine que ça me va très bien.
PPS : la Big crunch theory a été démontrée comme invalide, notre univers étant condamné à une expansion sans fin et à son réfroidissement infini. reste qu’une fluctuation pourra éventuellement le retransformer en d’autres univers (je renvoies à un récent HS de Pour la science sur Le temps, à la fois scientifique et poétique tellement on touche à des concepts hors de la perception humaine, ce en quoi je comprends très bien ce qui a mu Lisa autour de ce concept de BCT).
chut, fallait pas raconter la chute ^^^
merci christophe, mais figure toi que c’est beaucoup moins de boulot pour moi de transcrire que de monter de l’audio, surtout quand je fais la totale avec les extraits en insert, le podcast avec intro et le nettoyage de tous les “heu”, répétitions et autres souffles…
oui cet album mérite votre attention :-)