ATP Festival 2009 : Arnaud, envoyé très spécial (day 3)

par arnaud | imprimer | 14déc 2009

suite et fin des pérégrinations d’Arnaud à l’ATP Festival 2009 (day1, day 2).

Le dimanche, il pleuvait, il faisait froid et le vent était parfois tellement fort que la pluie tombait à l’horizontale. On était en Angleterre, il n’y avait aucun doute là-dessus.

Gemma Hayes jouaient en premier. Gemma Hayes, c’est le nom de la chanteuse, qui est franchement mignonne comme tout. Elle est accompagnée d’un mec au synthé et d’une fille qui fait vaguement les cœurs, du tambourin et tape sur une grosse caisse posée devant elle. C’est de la pop folk douce et sympa. Moi, j’ai trouvé ça un peu sans intérêt mais mes potes ont bien aimé. Je crois même que mon pote qui aime The Buzzcocks, The Membranes, The Melvins et les saucisses a bien aimé.

Elle a une fender et un ampli fender et le son est clean et elle chante vraiment bien. Elle était déçue de commencer la journée et a remercié plusieurs fois le public de s’être déplacé si tôt pour venir la voir. Pas mal d’anglais étaient déjà à la bière, mais pas nous. On est resté dans le fond de la salle, à jouer aux dés bien au chaud. De là, on a regardé vaguement The Lilys qu’on a pas aimé. Ils avaient un son qui faisaient très Rolling Stones années 70. Un bon son, mais les mélodies ne nous ont pas plu et on s’est barré parce que le son était trop fort pour jouer aux dés !

On attendait beaucoup de A Place To Bury Strangers qui jouaient juste après The Lilys. Moi, je les avais vu à la Route du Rock. J’avais trouvé ça pas mal, mais sans plus. Là, ce qui m’a le plus plu, c’est qu’ils ont joué quasiment dans le noir, le public était plus éclairé que les trois musiciens. J’ai regardé 3 morceaux et je suis parti parce que j’avais vachement envie de voir Th’Faith Healers. Des trois morceaux que j’ai vu de A Place To Bury Strangers, je retiens la même chose qu’à la Route du Rock. Ils ont un son très distordu auquel s’ajoute une grosse réverb. Le chanteur utilise également une grosse réverb sur sa voix. La bass et la batterie sont plus classiques, péchus et rock. Mais toute cette réverb noie les morceaux qui n’ont plus aucune attaque à mon avis. C’est même amusant parce que le guitariste se contorsionne comme un dingue et parfois il fait un geste ample du bras pour gratter très fortement ses cordes et aucun accord, aucun son ne surgit à ce moment là dans nos oreilles. L’ensemble est tellement noyé que rien ne ressort distinctement. Un de mes potes avait très envie de les voir et il est parti quand il s’est rendu compte que le morceau que le groupé était en train de jouer était un morceau qu’il aimait bien et qu’il ne l’avait même pas reconnu. Mais bon, ils ont joué dans le noir, la classe, non ?

On s’est donc retrouvé à Th’Faith Healers vers 16 heures 30. Ils jouaient sur la grande scène et il n’y avait personne, on était juste devant. Ça se voit pas sur la photo, mais je n’ai pas de zoom sur mon appareil photo téléphone, c’est pour ça que ça paraît loin, mais on était tout près, si si, je vous jure. Moi, j’ai regardé tout le concert et ça m’a beaucoup plu. Mais il faut dire que c’est un groupe que j’écoutais au début des années 90 et que j’adorais. Ils se sont séparés en 94 et franchement, on a eu l’impression qu’ils n’avaient pas répété depuis 1994 ! Le guitariste avait l’air à l’ouest et le bassiste faisait souvent des fautes et ils étaient obligés d’aller se parler pendant les morceaux pour se dire quand changer ou faire ci ou ça.
De ce côté-là, c’était vraiment pas terrible et le public est parti au fur et à mesure. Un dernier point négatif est que le guitariste a vraiment une façon de jouer et un son génial, mais là, on ne le sentait pas du tout à l’aise. C’est dommage parce qu’il a un style très minimaliste, avec juste quelques notes et quelques petits effets super chouettes et il faut bien reconnaître que ça tombait un peu à plat parce que le guitariste avait l’air de ne pas avoir confiance en lui et donc tout l’intérêt et la subtilité de son jeu tombaient un peu à plat. Mais moi, deux jours après le festival, après avoir entendu des centaines de chansons, le seul morceau que j’avais en tête était un morceau des Faith Healers. La chanteuse était pieds nus, elle n’est plus toute jeune, mais elle est encore bien et chante vraiment à fond. Elle était sympa, drôle, disait au public qu’il était gentil d’applaudir et elle a terminé le concert à genoux, juste derrière les enceintes de retour, comme un musulman en train de prier, pendant que les 3 musiciens faisaient un vacarme de tout les diables pendant super super longtemps.

D’ailleurs, au début de ce long passage qui concluait le concert, j’ai trouvé ça nul et puis je me suis mis à adorer ce long passage qui n’était même pas un solo, juste les trois qui jouaient inlassablement le même riff avec quelques rares variantes à la guitare. Génial ! Je connaissais un morceau sur deux de ce qu’ils ont joué et c’était pour moi un vrai plaisir d’entendre ces anciens morceaux. Avec mon pote, on a été surpris de voir à quel point leur musique ressemblait aux Pixies. Sur les albums, on s’en rend moins compte, mais là, sur scène, ça sonnait très Pixies ; et c’était tant mieux. Une dernière chose amusante : ils avaient l’air d’être le groupe le plus pauvre de tous. Le guitariste avait posé sa seconde guitare par terre devant lui et son blouson au-dessus, alors que tous les autres groupes ont des guitares en rack, rangées les unes à côté des autres, avec un roadie à côté.
Là, ils avaient juste deux amplis, une bass, un guitare, aucun roadie n’était là pour les aider et le guitariste a du jongler tout seul pour changer de guitare à un moment. La chanteuse avait oublié son tambourin et l’a dit tout fort et quelqu’un du public est allé lui chercher un tambourin pour enfant qui se vendait dans la superette du centre. La personne dans le public lui a lancé le tambourin, un petit tambourin tout bleu avec un canard jaune dessus et la chanteuse était ravie et s’en est servie. Elle a d’ailleurs dit à la fin que ce serait un super souvenir de « ses vacances à Butlins ».

Entre Faith Healers qui finissait à 17h15 et Dirty Three qui commençait à 20h45, il n’y avait rien qui nous intéressait. De retour dans nos chambres, on ne voulait plus boire parce qu’on était bien K.O, mais on allait pas laisser une demi bouteille de whisky et quelques bières traîner dans nos chambres puisqu’on savait qu’on devait s’en aller le lendemain matin avant 10 heures. Donc, on a bien été obligé de boire, faut pas gâcher. Et donc, on était finalement bien réveillé pour la suite !

Dirty Three est un groupe que je ne connaissais pas du tout. C’est un des trois gars de Grinderman qui est le leader de ce groupe (enfin, je crois), un grand barbu qui joue du violon comme d’une guitare électrique. Il est de dos, en blanc, sur la photo. Ils sont trois sur scène : Warren Ellis, Mick Turner et Jim White. Je cite leur nom car je crois qu’ils participent chacun à plein de petits trucs différents. La salle était remplie. En tout cas, le barbu avec son violon, il est vraiment génial à voir. Il a vraiment un son super de guitare distordu avec son violon ! Et le morceau qu’on a écouté durait près de 8 ou 10 minutes et était chouette à entendre. On est parti assez vite parce qu’on voulait aller voir The Pain Of Being Pure at Heart dont on avait entendu dire beaucoup de bien. On a quand même écouté le second morceau, qui ressemblait beaucoup au premier et on s’est dit qu’on allait peut-être entendre que des morceaux qui se ressembleraient, donc même si c’était bien, on est parti pour The Pain Of Being Pure at Heart. Entre le premier et le second morceau, le violoniste de Dirty Three a longuement parlé pour expliquer au public qu’il venait de sortir d’un trip au LSD qui avait commencé il y a de longues années et que tout cela prenait fin maintenant, à ce festival. Je n’ai pas tout compris, mais je ne dois pas être loin de ce qu’il a dit et le public rigolait beaucoup.

The Pain Of Being Pure at Heart nous a énormément déçu. Personnellement, j’ai vraiment l’impression que ce groupe n’a rien à dire. Ils sont juste jeunes, branchés, font un bruit noisy à la mode, mais c’est tout. Tout était comme il faut, rien ne débordait, c’était sans surprise. Tout le contraire de Ariel Pink, par exemple. Mais j’aurai une petite faiblesse pour Ariel Pink car ils avaient au moins l’air d’exister, d’être là tandis que The Pain Of Being Pure at Heart avait juste l’air d’être en représentation. Aucun de nous 4 n’a aimé.

On a voulu aller jouer au bowling et au billard, mais tout était pris et il nous restait malheureusement plus qu’à boire des bières ; quel dommage !

Je fais une parenthèse pour dire qu’on a entendu que des groupes de rock noisy. On pourrait se dire que c’est toujours pareil, et pourtant ces cochons arrivent tous à avoir un son de guitare distinct. C’est sûr, pour un mec qui écoute James Brown et Barry White, il dira que c’est le même son partout, mais pour quelqu’un qui écoute du rock, on se rend compte qu’ils ont chacun une petite différence l’un par rapport à l’autre. Voilà, c’est tout, parce qu’il y aurait plein d’autres comparaisons à faire, mais je n’en ai pas envie parce que ça me demanderait un énorme travail de recherche et tout et tout.

On en avait fini avec le festival, marre des concerts et puis avec un de mes potes, on est tombé sur Lightning Bolt. C’est complètement aberrant !

Je ne sais pas si ça se voit sur la photo, mais le batteur chanteur a un casque sur les oreilles et une sorte de masque effrayant sur le visage. Son micro est placé à l’intérieur de son masque. Il ressemble au tueur de Massacre à la tronçonneuse ou à un autre serial killer du même genre, je vous laisse choisir. Ils font plus de bruit que n’importe qui ! Quelqu’un m’avait dit que ça ressemblait à My Bloody Valentine, mais sans la mélodie. Ça n’a rien à voir avec My Bloody. C’est une sorte de musique indus-punk trash qui n’a aucun rapport avec la pop, même distordue, de My Bloody. Le batteur tape comme un sourd et le bassiste y va à fond aussi avec un son super distordu.
La voix du chanteur est également complètement distordue. Il a le son qu’aurait Dark Vador s’il chantait ! Le batteur tape tellement qu’il est obligé d’avoir un gros ventilateur à côté de lui et de jouer en short. Les morceaux ne durent pas plus de deux minutes. Le bassiste joue avec le pire instrument du monde : une bass à 5 cordes. Je déteste cet instrument car c’est un instrument pour les techniciens et je déteste les musiciens qui mettent en avant la technique et non l’émotion. D’ailleurs, c’est même pas des musiciens à mon avis, c’est juste des Joe Stariani de merde. Mais là, le bassiste, il n’était dans aucune de ces catégories. C’était juste du bruit à fond ! Je pense que je n’écouterais jamais cette musique chez moi, mais c’est vraiment incroyable à voir sur scène ! Bon, on est resté que 3 ou 4 morceaux parce que ça arrache vraiment les oreilles.

En conclusion, ça nous a beaucoup plu à tous les 4 et l’année prochaine le curator c’est Matt Groening, le gars des Simpsons. Ça aura lieu au mois de Mai. Ça coûte assez cher d’aller à ce festival, surtout quand on vient de France et c’est peut-être pour cela qu’on a croisé si peu de français, mais ça vaut le coup d’y aller au moins une fois. Ce n’est pas aussi sidérant qu’on me l’avait dit, mais ça reste amusant de voir des groupes de rock dans un lieu aussi peu rock.

Et si vous aimez les saucisses, la pluie et la bière, vous allez adorer.



Comments

5 Commentaires


  1. 1 Christophe on décembre 14, 2009 11:23

    “The Pain Of Being Pure at Heart nous a énormément déçu. Personnellement, j’ai vraiment l’impression que ce groupe n’a rien à dire. Ils sont juste jeunes, branchés, font un bruit noisy à la mode, mais c’est tout. Tout était comme il faut, rien ne débordait, c’était sans surprise.”

    Wha le coup de cravache !!! ^^

    “le son qu’aurait Dark Vador s’il chantait”
    pété de rire ;D

    Très belle conclusion en tout cas, c’est l’impression qu’on avait également eue au fil de ces 3 billets très poétiques. merci le correspondant de guerre au pays du noise rock.

  2. 2 Xavier on décembre 14, 2009 19:49

    Gemma Hayes!! je ne savais pas qu’elle faisait encore de la musique. Je l’avais vu en première partie de Sparklehorse à l’Elysee Montmartre, et j’avais bien aimé (mieux que Sparklehorse).
    A t elle enfin sorti un album?
    Bravo pour ce reportage en 3 parties, c’était très drole et on s’y croyait! c’est rageant de voir qu’en angleterre il y a eu un si bon programme alors que cet été en France les festivals étaient tout pourris (à part la Route du Rock, bien sur…). J’espère que ce sera mieux cet été…

  3. 3 arbobo on décembre 14, 2009 20:18

    oui mais xavier, les festivals de l’automne étaient excellents :-)

    la preuve :
    http://www.arbobo.fr/un-automne-des-festivals/

    mais je te rejoins, les progs de l’été 2009 étaient soient trop du réchauffé, soit insipide, pas 1 seul festival qui me faisait envie

  4. 4 arnaud on décembre 15, 2009 12:34

    ouais, je suis d’accord avec vous sur les festivals de cet été.(Mais j’en ai quand même fait deux !)
    moi j’avais vu Sol Seppy en première partie de Sparklehorse à l’Olympia et c’était bien.
    merci d’avoir lu les reportages et, au fait, l’un d’entre vous a compris l’indice pour le bar là, samedi soir ! non mais, c’est quoi c’te cachette ! J’en ai même rêvé cette nuit que quelqu’un me donnait la solution ! Sidérant !
    En tout cas, j’ai bien mis 3 jours à redescendre de ce festival, qu’il était tellement bien. Et oui, Josh T Pearson habite à Paris et on peut très souvent le voir au West Country Bar, qui est une créperie qui ne ressemble pas du tout à une créperie, juste à côté de chez moi, dans le 11ème. Un super bar qui doit son nom à une chanson de Nick Cave.
    pour les Sonic Youth, j’avais oublié Christophe, qu’on était si proche l’un de l’autre et si proche de la scène. Cela devait être romantique, non ?

  5. 5 Pierre on décembre 16, 2009 19:48

    Arnaud, tu m’as fait baver pour les Faith Healers! Mais rassure toi, ils se plantaient aussi de temps en temps à l’époque.

    En décembre 2010, réservez vos vacances pour 10 jours de folie dans le Grand Est: le festival GéNéRiQ va tout déchirer sur Dijon, Belfort, Mulhouse, Besançon etc…, comme d’hab !

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