Appaloosa, l’écuyère électronique
Elle porte un nom de cheval fougueux, et de longs cheveux qui n’ont rien d’une crinière. Son amour équin, elle le porte avec malice dans les paroles de Fantasy. Elle est futée, Anne-Laure. Et elle est une moitié d’Appaloosa.
Depuis quelques temps, Cat Power, Chan Marshall a la ville, annonçait que son amie de longue date venait de signer un contrat pour son premier disque. Alors on jette une oreille distraite, par amitié pour l’amie, si l’on veut. Là, on découvre une musique que Cat Power n’a jamais jouée, et qui pourtant sera en première partie sur plusieurs dates de la tourneé de Jukebox. Une forme de prolongement, pour une collaboration commencée il y a bien longtemps. Anne-Laure a notamment réalisé le clip de Where is my love, et son parcours la rapproche souvent des arts graphiques plutôt que de la musique.
Après un faux-départ mouvementé au Bataclan (ordinateur planté pendant 10 bonnes minutes après le 1er morceau), Appaloosa n’en fait pas toute une histoire et investit le petit mais très chic club le Baron, le lendemain soir. Le concert début evers 1h du matin devant un public bruyant et international, mais bientôt le beat intraitable fait se lever les robes à carreau et les perfecto. La scène/piste de danse est si petite qu’Anne-Laure est presque bouscullée par les danseurs. Les concerts se suivent et ne se ressemblent pas.
Ecoutez the day (we fell in love)
Cette électro là, très 80s, très crue, voit large. Ne nous arrêtons pas uniquement au dancefloor bien pulsé de Intimate, qui en fait une petite soeur des premières Depeche Mode ou Yazoo.
Le revival new wave reste vivace, et Appaloosa y fait honneur. Grâce à Max Krefeld, un jeune allemand qui connait ses années 80 sur le bout des doigts. Mais son electro n’est pas exagérément vintage, et le jeune homme a de la suite dans les idées. A la fin de l’interview, vous pouvez entendre en dernier extrait “B“, tiré d’un disque abécédaire contenant 26 morceaux. Merci Max, qui n’est pas rancunier. Alors que je rallume mon appareil pour l’interroger quelques minutes, le micro était déjà débranché, je retranscrit donc notre échange faute de pouvoir vous le faire entendre. Entre l’heure tardive (quelle idée de faire une interview à 2h du matin!) et le froid qui me fait grelotter parmi les fumeurs, j’ai eu un coupable relâchement d’attention.
Je demande à Max s’il se reconnait lorsque sa musique me fait penser aux tubes de Visage, ou à Human League. “Bien sûr, c’est ce que j’écoute, j’adore. Visage n’a fait qu’un ou deux bons titres, mais le dernier Human League est superbe, ce n’est pas leur plus connu mais il est vraiment excellent.”
Bonne touche. Mais qui ne résout pas un certain problème, celui du public. “C’est vrai que faire la tournée avec Cat Power est un challenge. Son public ne sera pas venu écouter de l’électro, mais si les gens sont assez ouverts ça peut leur plaire et on peut les faire danser. Ce sera intéressant.”
Reste que le public anglo-saxon ne profitera pas de toutes les paroles, dont une partie est écrite en français. “Je compose à partir des paroles d’Anne-Laure. Toujours. C’est elle qui apporte les mots, et tout le concept, en réalité, notamment le choix du nom appaloosa.” (une race de chevaux, n.d.l.r)
Anne-Laure est une fine blonde adorable, qui prend les choses avec philosophie et n’est pas près de se prendre pour une star électro.
Nous faisons l’interview devant le club, en compagnie de Gregg Foreman, autre ami de Cat Power et qui tient les claviers du Dirty delta blues. Gregg est aussi DJ et me sort plein de noms de groupes électro que je ne connais pas. Avec sa belle bouille et son regard un peu déconnecté, il ne perd pas le nord et accepte gentiment de dire quelques mots sur Appaloosa.
à toi l’honneur Gregg.
Se connaître par Chan Marshall, un bon mélange de poésie et d’electro, la tournée avec Appaloosa, des débuts meilleurs que les Ramones (2′12)
(ci-dessous une version traduite en français du passage précédent)
Max la musique et Anne-Laure les textes, une rencontre par hasard, New York, la scène avec Chan, Berlin, Shara, le Bataclan (4′55)
Des paroles bilingues, poétiques, l’humour, des happenings, le challenge de la tournée Cat Power, apporter une part d’acoustique, le plaisir de la scène. (5′00)
merci Max, Gregg, Anne-Laure !
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