Aladdin Sane
C’en est devenu un lieu commun : “tout Bowie est dans ce disque”. Il y en a plusieurs auxquels la formule s’appliquerait. Aladdin Sane en est un, avec ses chefs d’oeuvre qui s’enquillent, on ne sait pas que jeter, rien que Time, avec ses ruptures de rythme, son piano, ses guitares les plus agressives qu’on ait entendues chez Bowie (plus encore que sur Rebel Rebel, par exemple).
Avec ce disque, on a à la fois Ziggy, Hunky dory, et le crooner des années plus récentes (ces ponts de Prettiest star). Des portraits, comme Bowie sait en écrire à la perfection depuis ses débuts, des portraits déglingués de personnages improbables. Pas surprenant qu’il ait aimé passer du temps à Berlin.
Et puis ce titre d’album, brillant, réunissant les facettes de Bowie, évoquant la folie justement au moment où la cocaïne l’y emporte progressivement. Il fallait oser.
Aladdin Sane, c’est le rock, y compris le rock’n'roll repris des Stones (Let’s spend the night together), comme il avait su le faire rugir sur The man who sold the world.
Entre le fabuleux Time, et l’introduction du plus beau titre de l’univers, Lady grinning soul, revient au premier plan le piano. Même s’il n’en joue pas lui-même sur ses disques, Bowie a ce génie d’avoir su utiliser le piano de la manière la plus rock qui soit, y compris dans des morceaux assez hard. Sans retirer une once de puissance, il ajoute une épaisseur, approfondit l’ambiance, et pose une touche de mélancolie qui rend la violence plus brutale encore.
Et se profile en toile de fond un autre Bowie de l’époque, producteur et co-auteur. Difficile de ne faire aucun lien entre ces morceaux et Berlin de Lou Reed, à qui Bowie mis le pied à l’étrier pour ses premiers disques solo. Autre chef d’oeuvre, disque phare qui embarque le rock du côté du récit et de la mélodie.
Bowie a fait plus beau, si l’on excepte Lady grinning soul. Il a fait plus fort. Plus envoûtant. Plus brillant, plus glamour, plus légendaire… Mais peut-être n’a-t-il jamais autant condensé son oeuvre, et en plus de la qualité de chacun de ses titres, assez incroyable, cet album approche le disque-total.
C’est ce qui le rend bizarre, et difficile à estimer à sa juste valeur. Puisque c’est toute la question : quelle est donc sa valeur?
Affectivement, j’ai plus de liens avec The man who sold the world, Outside, ou avec Station to station. Et pour la légende, il faut aussi inclure Ziggy stardust et Heroes. Sa place, là-dedans, Aladdin?
La seule façon de le découvrir, c’est de l’écouter encore… encore… encore…
this is the David Bowie blog tour 2009
Tweet
Je suis content de voir que tu as réussi à trouver le temps pour écrire un billet sur “Aladdin Sane”… quant à moi, je termine, peaufine mon “Station to Station”
Un album que j’ai découvert au départ via le live “Ziggy Stardust”… et déjà dans sa version live, totalement possédé j’étais par “Time” et sa décadence cabaret sauvage. Un des albums les plus bruts de Bowie… et bizarrement vu mes accointances musicales, ça m’a plus que décontenancé, en particulier dû à cette production très crue, je trouve.
Pas le premier album de Bowie auquel je pense en premier, mais un de ceux dont on ne se lasse pas à chaque écoute. :-)
peu prolixe, mais tout y est !! ;)
disque difficile à décrire effectivement C’est un bon résumé : on retrouve mieux qu’Aladdin Sane partout ailleurs dans la discographie de Bowie, mais on retrouve toute la discographie de Bowie dans Aladdin Sane. Et ce piano, bien évidemment….
Bowie….Je suis tombée en amour dès la première seconde…et il sera là jusqu’à ma dernière seconde sur cette putain de terre avec ” Lady grinning soul ” en fond sonore pendant que mon cercueil flambera…
Aladdin Sane (magnifié par une pochette plus que mémorable) contient nombre de compos fabuleuses, en particulier le titre éponyme sublimé par le piano de M. Garson, mais ce n’est paradoxalement pas l’album de Bowie auquel je suis le plus attaché, point sur lequel nous nous rejoignons.
Quant au rapport avec Berlin, il ne me semble pas particulièrement évident (?).
le lien est ténu et récurrent,
par les personnages cassés et bizarres, hors normes, d’où mon pointage vers le film Christiane F,
et puis il y a le Berlin de lou reed, où le piano joue aussi un rôle important et qui doit beaucoup à bowie