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Afrirampo : We are uchu no ko. Bye bye Japan !

De ce duo japonais, on ne connaissait qu’un disque et on n’avait pas encore trouvé l’occasion de parler du groupe. Voilà qu’à l’automne Afrirampo se sont séparées, et sur un double album, rien que ça. Un de ces albums suffisamment riche et canon pour ne pas nous laisser de regret. Partir sur un coup d’éclat, beaucoup en rêvent tout haut, peu en ont le panache.

On ignore ce qui a poussé Oni et Pikachu à se séparer, mais après dix ans et autant de disques, elles ont eu le temps de faire le tour de la question. Espérons que leurs futurs projets seront aussi excitants, car Afrirampo fut le groupe parfait. Pas nécessairement le meilleur du moment ni de tous les temps, mais le groupe parfait, sans aucun doute.
Exotique d’abord,  pour des français souvent ignorants du nombre effarant de bons disques produits au Japon. Excellent ensuite, quelque soit le disque. Groupe aux fréquentations de bon goût, qui classe Afrirampo parmi les (nombreux) collaborateurs des Acid mothers temple et au tableau de chasse de John Zorn chez Tzadik. Enfin, le groupe parfait parce se tenant à la distance parfaite de l’exigence noise, du bruitisme arty snob, du hard-rock, de l’Afrique, et de la pop. La porte d’entrée idéale pour découvrir le continent rock que représente leur pays. tellement plus facile d’accès que les merveilleuses Nisennenmondai qu’on vous vantait l’an dernier, ou les tout aussi excellentes OO|OO. Raffinement suprême, un nom de groupe prononçable sans trop se tromper par un occidental moyen. Bref, le groupe parfait, donc.

Alors que A était encore de l’ordre de la démo garage, que Suuto breakor était plus vaporeux, c’est plus de Kore Ga Mayaku Da que se rapproche le dernier album. Et quand on dit proche, c’est autant par la diversité de son contenu que par le niveau assez énorme. A force de ne rien inventer, Afrirampo finirait par vous donner l’impression que ce sont elles qui ont inventé le fait de ne rien inventer (hmmm, l’exposition prolongée provoque quelques pertes de neurones et autres effets secondaires).

Alors, We are uchu no ko.  L’avantage de se moquer des formats préétablis, c’est une liberté de ton et de durée, de une minute à un petit quart d’heure, de la noise nourrie aux larsen jusqu’à la lente ballade (Hoshi no uta pt.1). Faire aussi fort en duo guitare-batterie n’est pas donné à tout le monde, les quelques progs qui viennent s’ajouter n’y changent pas grand chose.
Mais c’est leur énergie communicative qu’on retient en premier. Pas si violentes que ça, en tout cas pas si souvent, Afrirampo sait flirter avec le blues tout en restant syncopé. Ca donne un hallucinant Ego lo island interminablement bon (c’est la 5e du disque 1, pour ceux qui n’ont droit qu’aux caractères japonais :-).

Les titres les plus doux comme ワイトゥ pourraient figurer chez Arcade fire ou autre confrères américains à eux. D’ailleurs leurs cris et chants d’oiseau, un peu leur marque de fabrique, donnent un petit côté western à leurs chansons. On peut donc sonner western tout en chantant en japonais. Leur groove se fait parfois camerounais (ヤーヤーエー), souvenir d’un séjour chez les pygmées, avec des refrains dont elles ont le secret et que vous pourrez reprendre en choeur (”ya ya hé, ya hi yé ya hi yé”). Essayez le soir du réveillon, vous ferez un malheur.

Afrirampo, ヤーヤーエー

Le premier disque y va plus en puissance (le clip plus bas illustre le titre d’ouverture), avec une belle gamme de nuances, tandis que le second vous tiendra plus doucement par la main sans vous heurter. On aurait décroché au bout de trois-quarts d’heure si elles restaient pied au plancher, mais l’album est bien fait et ménage le rythme de l’auditeur. Quand on vous disait que c’est le groupe parfait ^^

Il nous reste bien un regret, malgré tout. Apparemment Afrirampo dévastait la scène autant que leurs disques trucident nos tympans. Alors grouillez-vous de refaire des tournées, siouplé !